Olivier de Kersauson


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Septième d'une famille Léonarde de huit enfants, résidente à Morlaix, le jeune Olivier se sent très vite en osmose avec la mer, symbole d'authenticité, d'infini, et de liberté. Né en 1944, il va vivre à travers les siens, comme dans un mauvais film, les ravages de la guerre, en découvre les atrocités, les contraintes d'un monde de soumission auquel il ne comprend pas grand-chose mais qui, déjà, le révolte. C'est (selon moi) sa première tempête intérieure. Peut-être est-elle à l'origine, ou du moins a t'elle motivé sa vocation naissante pour le monde de l'océan. 

De nature indépendante, il s'adapte mal au rythme scolaire auquel il accorde peu d'intérêt : pour lui, la vraie vie s'apprend au-dehors. S'il obtient malgré tout son baccalauréat, la carrière de Monsieur tout le monde ne l'intéresse pas, lui ce qu'il veut, c'est assouvir sa passion et sillonner l'univers sur un bateau, à ses yeux, source de vraies richesses. En 1964, âgé de 20 ans, il fait une première rencontre qui sera déterminante : Eric Tabarly l'accueille sur le Pen Duick où il devra faire ses preuves pendant une dizaine d'années, lors de son service militaire. Il est à bonne école et apprend beaucoup de ce " génie de la mer" comme il se plaît à l'appeler. Ensemble, ils gagneront plusieurs trophées. Peu à peu, Olivier, qui se sent devenir autonome, devient aussi plus exigeant, Il a son propre regard sur les choses, il a confiance en lui. Et en 1975, il se lance et devient skipper sur son propre bateau : Le Kritter.

" Celui qui n'avance pas recule ! " Pourrait être un des dictons fétiche d'Olivier de Kersauson, au sein d'un parcours du combattant dont peuvent témoigner toutes les mers du monde. Non content de posséder son propre bateau, il se lance dans la course, là où sa nature un peu "abrupte"...(c'est lui qui le dit!)  mais déterminée, typiquement Léonarde, pourra enfin se révéler : "Ne parler que lorsque c'est nécessaire, dire l'essentiel et surtout, ne jamais baisser les bras?!" Dans ce milieu souvent hostile et criblé d'incertitudes qu'est la mer, il faut une vraie concentration, pour mieux apprendre, analyser et comprendre. " On ne fait pas deux choses à la fois", dit-il. Comme je le comprends!... je suis pareille! 

De ses premières courses, il fera un tremplin : il sera devancé, soit?! Mais ce n'est que partie remise. La course entraine des prises de risques, ce qui requiert d'avoir la bonne action, au bon moment.  De même, sur la "route du rhum" où il n'arrive que quatrième. D'ailleurs, il semble que quelqu'un lui fasse de l'ombre : Alain Colas, vainqueur de la transat en solitaire, est dans " la place" sur le Manureva (signifiant aéroport en Tahitien : lit. Oiseau de départ). Rappelons qu'Alain Colas a aussi fait partie de l'équipe Tabarly... Les grands esprits se rencontrent, dit-on! Qu'à cela ne tienne?! Olivier y voit un adversaire à battre, mais aussi et surtout, un moyen d'en apprendre davantage sur le métier. Stagner n'est pas dans son vocabulaire, il faut avancer! Et sur la mer, chaque vague, chaque rocher, chaque port est porteur d'enseignement, tout navigateur breton qui se respecte le sait bien?! 

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Oui mais la course exige aussi de trouver des sponsors, des personnes de bonne volonté qui financent, mais qui en retour apprécient que publicité leur soit faite : échange de bons procédés!  Aussi, conscient du succès médiatique de son " caractère bien trempé"... normal pour un marin!  il participe à des émissions de radio, principalement " Les grosses têtes" de Philippe Bouvard, ou encore "on est pas couché" animé par Laurent Rouquier qui aime à rappeler que si Olivier tient à sa réputation d'être solitaire, cela ne fait pas pour autant de lui un être asocial; simplement au dialogue il préfère l'action. C'est ce qui fait dire à Claude Le Menn dans son ouvrage " Etonnants léonards" qu'Olivier de Kersauson était quelquefois vu par son équipage comme un personnage "chaleureusement inhumain"... Personnellement je dirais plutôt "déterminé à atteindre ses objectifs lors d'une course, conscient des obstacles à vaincre, il connait bien le "terrain". Mais quand il en a le temps, son sens poétique prend le dessus devant le mystères des éléments qui le fascine. " Quand je regarde la mer, je me promène dans le temps des mondes" dit-il, ou encore "aller sur la mer, c'est franchir les limites de ses capacités et de son savoir". 

En 1986, sur le Poulain, un multicoque de 23 m de long, Olivier tente une nouvelle fois la route du rhum qu'il sera contraint d'abandonner, mais il finit 2ème l'année suivante au tour d'Europe Open UAP, et 4ème au tour La Baule - Dakar en 1988. Vous l'aurez compris, il en faut plus que cela à notre vaillant chevalier des mers pour se décourager. Fidèle à lui-même, il "surfe sur les difficultés". Si il a la foi "quelquefois" dit-il,  il a surtout confiance en lui. Le "terrain" est toujours pour lui, propice à de futures victoires: il apprend de ses erreurs techniques, la mer s'apprivoise lentement... mais sûrement! Battre des records devient son ultime combat!... Mais pas que... Et c'est en 1989 que le fruit de ses efforts commence à payer! Le poulain, rebaptisé " Un autre regard" établit un premier record en solitaire. Mais dans la vie, comme sur la mer, il faut toujours se remettre en question. A ceux qui ont osé le traiter de misogyne, il a fait la "nique"! car si, en 2005, Elène Mac Arthur lui tient tête, mettant en avant la condition féminine dans cet univers plutôt masculin, Olivier exprime, quelques années plus tard dans son ouvrage : " Florence Arthaud, un vent de liberté",  tout son respect pour cette femme courageuse qui navigue ... comme une femme, et pas comme un homme. Pas mal pour un misogyne!... En 1992, nouvel échec avec le trophée Jules Vernes en équipage, sur " Charal! " Et là, Olivier montre les "crocs" haha! Il faut attendre 1997 pour que ce trophée orne son palmarès sur le " Sport Elec", trophée qu'il gardera pendant cinq ans.  

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Cultiver un esprit gagnant finit toujours par payer! En 2001, à l'âge de 57 ans, Olivier de Kersauson s'offre Géronimo, un trimaran de 33 m de long, sorte de "fusée des mer" filant à la vitesse de 30 nœuds. Malgré tout, victime de quelques avaries techniques, il ne finira pas premier au tour des îles Britanniques. Il semble d'ailleurs que la malchance s'acharne! En 2003, le vent souvent farceur est absent à la fin du parcours, mais Olivier réalisera toutefois l'une de ses meilleures performances et même un  temps de référence, toujours sur le " Jules Vernes". L'année suivante, contraint de faire des réparations sur son bateau, il repart courageusement et ... remporte une nouvelle victoire!!! Et oui, c'est ça, les bretons! ils ne s'avouent jamais vaincus!!! Encouragé par ce nouveau succès, notre guerrier des mers, (comme Posséidon doit être fier!) s'attaque en 2005 à un tour du monde au départ du Quatar: "l'Oryx-Quest". Mais une fois de plus, "les dieux" le testent! un problème technique l'oblige à rentrer au port. Une fois requinqué, Géronimo, qui n'en a jamais assez, s'offre un nouveau tour d'Australie qu'il réalisera brillamment en 17 jours. C'est en 2006 qu'il pulvérise tous les records entre San Francisco et Yokohama. Mais, comme nous le savons tous, le " démon "  se place toujours sur la route de celui qui a décider de gagner ! aussi, à son arrivée à Yokohama, les Japonais lui refusent l'entrée au port, et voilà notre navigateur en quarantaine!!! Je l'entends d'ici leur "parler du pays" ... à la mode Kersauson! Toujours est-il qu'au retour Olivier se venge et remporte une nouvelle victoire sur Bruno Perron en seulement 13 jours, foi d'Amiral! ... Confidence pour confidence, il paraît qu'il déteste ce surnom... " Le corsaire au regard de Breizh " serait peut-être plus adapté, et pourquoi pas le "lion de mer" puisque la racine du mot "Leonard" signifie "lion". Quoi qu'il en soit, c'est un personnage hors norme dont la Bretagne peut être fière! Un caractère bien de chez nous qui en veut et ne se laisse pas impressionner par les événements qu'il chérira toujours, cependant. ("Homme libre, tu chériras toujours la mer" titre de l'un de ses ouvrages). Il nous apprend que la victoire ne s'acquiert pas en domptant les éléments, mais plutôt en les apprivoisant au fil des années, avec persévérance, patience, et surtout du respect. Et la mer ne sera jamais à cours d'enseignement. Elle saura toujours se montrer reconnaissante... à part peut-être l' "Indien" ou plutôt la " vieille indienne" (pour ceux qui ont lu " Ocean's songs") ... dans une vie future, peut-être...  

En 2010, âgé de 65,  il " met les voiles " vers la Polynésie, pays des aitos o te moana (lit. guerrier de l'océan, aujourd'hui, on dirait plutôt " Héro de l'océan", mais dans sa modestie, se sent-il devenu un héro... j'en doute.)  En 2014, il épouse une jolie tahitienne. Après l'effort, le réconfort! 

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De l'ancre à l'encre : 

A ses heures "perdues" (qui ne le sont jamais... la preuve! ) il a levé l'ancre...pour posez l'encre ...sur le papier, et nous offrir une trentaine d'ouvrages palpitants, relatant principalement sa vision du monde marin et partageant son amour pour la nature, quitte à lancer un appel discret à la protection de l'environnement : tout cela entre deux courses. 

* Les dates qui suivent sont plus ou moins exactes en raison des rééditions. 

De 1975 à 2000 : 

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De 2000 à 2010 : 

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De 2010 à 2012 : 

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Citations tirées d'Océan's songs :

° " Prendre la mer n'est pas une fuite, mais une discipline et une contrainte. Aller chevaucher les vagues, c'est une conquête, et pour conquérir, il faut partir. C'est l'extraordinaire tentation de l'immensité. La mer, c'est le coeur du monde. Vouloir visiter les océans, c'est aller se frotter aux couleurs de l'absolu."

° "La mer chante sans arrêt et la bande son qu'elle diffuse est capitale pour le marin. Lorsqu'il fait nuit, il n'y a pas d'autres repère que sa chanson. Alors chaque instrument compte: celui du vent, celui des vagues, et de leur sifflement déchirant contre la coque."

° " Ma pensée ne se repose qu'en mer "

° " Je crois qu'on appartient aux endroits qu'on aime "

° "J'ai choisi ce métier pour aller chercher des notes de musique en mer, pour aller danser un soir d'escale à Fortaleza. Je fais confiance au voyage pour qu'il me conduise dans le tourbillon émotionnel du monde."

De 2014 à 2018 :

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Citations tirées de " Promenades en bord de mer et étonnements heureux"

° " Il n'y a pas si longtemps, c'était magnifique d'être le vent. Vous apportiez des senteurs selon les saisons, effeuilliez des roses, courbiez des blés, faisiez faire des loopings aux oiseaux, arrachiez les feuilles mortes, séchiez le linge. C'est encore vous qui faisiez grincer les girouettes et tourner les moulins. Certains jours, plus polisson, vous emportiez les chapeaux et souleviez les jupes. Mais surtout, pendant plus de deux mille ans, c'est vous qui emmeniez les bateaux. Pas un voyage sur la mer sans vous. Pas un grain de café ni une lettre d'amour qui ne soit arrivé sans votre aide." 

° "En mer, je retrouve ma langue maternelle : le silence. "  

° "Les gens comme moi, qui ne sont pas intérressés par le buzz vivent à côté du monde. Ce qui est important pour moi n'est pas le match de foot, mais plutôt le jour du solstice d'hiver dans le Pacifique."   

° "Naviguer, c'est frôler sans cesse le corps onctueux d'une femme, qui, dés lors est interminable. La mer lamée de mauve, c'est sa peau lascive où la coque s'introduit. C'est d'un érotisme subtil, onirique, étrange, secret. " 

° " On ne force jamais la mer, on passe à côté, on dévie, on déroule" 

De 2018 à 2021:

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Citations tirées de "Olivier de Kersauson " : 

° " Que de temps perdu à croire que l'on est malheureux" 

° " La misère a été inventée pour que les pauvres n'aient pas trop de chagrin au moment de mourir. " 

° "L'ennemi, c'est la routine. En s'isolant, on s'oblige à ne chercher que l'essentiel dans les relations avec autrui."

° "Je n'ai pas assisté à beaucoup de courses de spermatozoīdes, mais j'ai donné beaucoup de départs"

° " Il n'y a que les imbéciles qui rêvent de se transformer en quelqu'un d'autre qu'eux-mêmes. " 

Récits de voyage : Polynésie, Ile de Pâques, et traductions italiennes :

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Récapitulatifs des records d'Olivier de Kersauson : (info wikipédia) 

  • 1989 : Record du tour du monde en solitaire en 125 jours, 19 heures, 32 minutes et 33 secondes sur Un autre regard (trimaran de 23 mètres.)
  • 1997 : Trophée Jules-Verne  en 71 jours, 14 heures et 22 minutes sur Sport-Élec, trimaran de 27,4 mètres.
  • 2004 : trophée Jules-Verne en 63 jours, 13 heures et 59 minutes sur Géronimo
  • 2005: Tour de l'Australie en 17 jours 12 heures 57 minutes. / Record de la traversée de l'océan Pacifique de Los Angeles à Honolulu en 4 jours 19 heures 31 minutes.
  • 2006 : Record San Francisco - Yokohama à la voile en 14 jours, 22 heures 40 minutes. Puis le 11 juin 2006, nouveau record sur le même parcours mais en sens inverse. Au total : 4482 miles en 13 jours, 22 heures et 38 minutes. Et enfin, la traversée de Yokohama à Hong-Kong en 4 jours 17 heures, 47 minutes et 23 secondes.

Olivier, avant tu courais après le temps, aujourd'hui, tu te promènes "dans le temps du monde" (citation de son livre "Promenade en bord de mer et étonnement heureux" 

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