La pêche à pied
Aux temps anciens, les autochtones Bretons, souvent d'une grande pauvreté, comptent sur la mer pour se nourrir. Aujourd'hui encore, quand la marée se retire, ils sillonnent l'estran à la recherche de richesses enfouies dans le sable. Vêtus de longues bottes en caoutchouc, d'une combinaison étanche appelée " waders au néoprène", et armée d'une pelle, d'un piolet, et d'un seau en plastique, Maël et son épouse Nolwenn s'avancent avec précaution dans la vase qui abrite quantité de palourdes, praires, coques, crabes, pas très loin des rochers à huîtres. Le seau est rempli d'eau de mer, le soleil pointe à l'horizon, la pêche à pied va pouvoir commencer.
Plongeant sa main gantée au milieu parmi les algues du goémon, algues rouges foncées appelées aussi herbes de mer, il retire quelques bigorneaux et attrape au passage quelques étrilles (crabes) réveillées dans l'action. Il repense à sa grand-mère, poissonnière à Lochmariaquer, qui vendait des fruits de mer sur le marché. Il se souvient encore les bonnes palourdes gratinées qui ouvraient l'appétit avec délice. Il se revoit avec son grand-père sur un chalutier de pêche dans la baie de Quiberon.
Soulevant quelques cailloux, pour débusquer quelques huîtres plates au fort goût iodé, il profite des premières vagues pour rincer ses bottes. Puis il saisit son piolet pour décrocher quelques " copines" blanches accrochées au rocher. Autrefois, il arrivait que la famille s'offre une dégustation sur place, là comme çà, pour le plaisir. Depuis, avec la pollution, et suite à quelques souvenirs cuisants du passage de certains navires pétroliers (Amoco-Kadiz en 74, EriKa en 76 ...) , certains produits de la mer peuvent ingérer des micro-algues, appelées Phytoplancton, sources de contamination. Une cuisson suffisante permettra d'y remédier. Pendant ce temps, Nolwenn, le râteau à la main, est agenouillée sur le banc de sable à la recherche de bivalves : palourdes, praires, coques, couteaux. Non loin, quelques débris de roche servent de refuge aux berniques survivant à la marée basse grâce à la réserve d'eau qu'elles contiennent dans leur coquille.
Pour votre sécurité, quelques rêgles à respecter:
Le néophyte de la pêche à pied se doit de respecter quelques règles pour sa sécurité. Il serait dommage de gâcher une aussi belle journée par un geste d'imprudence:
1) Connaître les heures des marées : tout bon pêcheur doit posséder le petit carnet des marées, accessible à l'office de tourisme.
* Repérer la date de votre pêche : et pensez à le renouveler régulièrement!
* Repérer le O et la courbe des marées qui vous indique la profondeur : ex + 3 indique que la marée sera 3 m au-dessus de 0 à marée haute, à l'inverse, - 1 indique le niveau de la marée basse, soit 1 m en dessous du 0. Pensez aussi à regarder l'heure.
* Lorsque vous serez familiarisés avec ces notions de base, regarder les lettres, N, O, S, E, qui vous indique aussi la direction du vent (Nord, sud, est, ouest).
* Certaines tables de marées donnent des prédictions concernant la hauteur et la période de la houle
2) Porter des bottes hautes, confortables et bien étanches (en caoutchouc de préférence en vente dans les supermarchés bretons) : la vase est molle, surtout après la pluie, il y a donc un risque d'enlisement : un enfant mal chaussé pourra difficilement en sortir. Gardez-les près de vous!
3) Se renseigner dans les offices de tourisme ou dans les livres sur les risques de contamination toujours possibles par des algues ou les déchets de plastiques laissées par des vacanciers irrespectueux de notre belle nature.
4) Une carte peut vous sauver: si vous souhaitez vous aventurer plus loin, ou dans les torrents créés par le refoulement des marées, il existe des cartes en 4 couleurs, éditées par le Shom, qui vous permettront de vous repérer entre la roche et les courants : jaune pour la terre, verte pour l'estran (la baie de sable), bleu pour les profondeurs de moins de dix mètres et blanc pour des profondeurs plus importantes. Un chiffre, calculé par rapport au zéro hydrographique (niveau le plus bas) en indique le niveau.
5) Attention aux algues : Depuis quelques années, une prolifération d'algues envahit les côtes bretonnes et particulièrement la roche. Elles sont souvent glissantes, mal odorantes et certaines peuvent être toxiques (contaminées par la pollution malgré tous les efforts de nos artisans des mers). Si vous débutez, vous trouverez quand même votre bonheur en restant à pied sec.
6) Pour une pêche occasionnelle, pas besoin d'investir dans une combinaison, un pantalon de toile, un coupe-vent fera en plus de vos bottes fera très bien l'affaire.
7) Ayez le bon matériel : en fonction de ce que vous voulez pêcher, un couteau, une pelle, râteau, un pic, un crochet, où un filet sera nécessaires.
Vous voilà au top pour l'aventure dans le jardin de Posséidon, où foisonnent algues et herbes aux couleurs multiples, qui sont autant de refuges pour la micro-faune océanique généreusement apportés au quotidien par le flux marin. Celle-ci se compose de bivalves (deux coquilles de même grandeur dans lequel se protège l'animal : moule, palourde, huître, coquille St Jacques), et de gastéropodes, dont le pied leur permet de ramper (escargots de mer, bulots...).
Récapitulatif : que pêche t'on ? Où? Avec quoi ?
*Crevettes grises : avec un filet plat de forme triangulaire appelé " haveneau", que l'on pousse sur le sable à marée basse ... ou mieux, une heure avant la marée basse. Le pêcheur aura de l'eau jusqu'aux chevilles
*Crevettes roses : dans les roches et les algues, puis dans les mares à marée basse. Avec le haveneau, racler la paroi des rochers, et soulever les algues. Meilleur moment, deux heures avant la marée basse
*Coques : enfouies dans le sable granuleux ou instable, creuser ou râteler.
*Praires : deux trous identiques sur le sable, envoient un jet d'eau si le pêcheur est proche. Gratter le sable avec une griffe ou un râteau
*Palourdes : repérables par un trou rectangulaire sur le sable, enfouies à une dizaine de cms, creuser avec un râteau ou une pelle
*Etrilles : attrapez les dans leur course, sur les fonds rocheux plats et dépourvus d'algues marines
*Pétoncles : sortes de mini coquilles st Jacques, rares ! dans le sable à une profondeur de 10 à 300 m. Dans les eaux très froides
*Amandes de mer : dans les fonds sableux, en colonies, creuser au couteau ou avec une dague
*Couteau : deux trous séparés par un petit banc de sable, creuser! Attention il peut vous envoyer de l'eau dans l'oeil... si! si! c'est vrai!
*Bigorneaux : sur les rochers recouverts de varech, ou sur les plages de galets. Soulever les algues ou les galets, et faites votre " cueillette"
*Bulots : dans le sable, avec un râteau : observez bien, un bout de la coque dépasse souvent.
*Patelles : de préférence sur les rochers couverts par la mer, avec un couteau, ou une dague. Les rayées sont les meilleures
*Ormeaux : (ou oreilles de mer) ramasser sur les rochers en soulevant les algues, à la main ou avec une pelle (interdits à la pêche du 15/06 au 31/08) très jolie coquille nacrée et colorée; peut faire une jolie décoration.
*Moules : Sur les rochers, ramasser à la main dans les ruisseaux à marée basse, ou décrocher du rocher avec un couteau ou une dague.
*Crabes verts : utiliser une balance à crabe (sorte de panier à salade, comme pour les écrevisses) où... Et là c'est plus drôle! Courrez lui après lorsqu'il se hasarde à sortir des rochers, à la recherche d'une proie...tel est pris.... Vous connaissez le dicton! Délicieux dans la soupe.
*Oursins (interdits du 14/04 au 14/10) : dans les fonds sableux ou dans les fentes rocheuses, ramasser avec un crochet, un pique, un couteau . Attention, ils ne sont pas tous comestibles; si les épines d'oursin ne sont pas venimeuses, elles sont très douloureuses.
*Tourteaux et araignées de mer : Dans un trou de plus de 10 cm de diamètre, ils se cachent sous les rochers sableux, ou sous les algues: tâter avec un crochet, s'ils sont là, vous les verrez bouger.
*Homard : dans les trous des rochers éloignés des zones habituelles de pêche, à une profondeur d'environ 50 m et plus. L'attraper sur le dos avec un crochet ou une foene (sorte de petit trident... à 4 dents ou plus). A éviter si vous débutez et surtout si vous êtes seul, il faut être deux, de préférence. La bête peut vous surprendre douloureusement ou vous échapper.
*Les huîtres: sur les rochers ou les ruisseaux de marées basses, ramasser à la main ou décrocher avec un burin, couteau, dague, ou piolet en mettant la pointe sous la coquille, tirer d'un coup sec; Certaines aimes les eaux plus ou moins saumâtres... Attention à la pollution! Elles aiment aussi s'endormir sous les algues... Mais chut! je ne vous ai rien dit! haha! Attention, renseignez-vous au sujet de la pollution toujours possible dans certains endroits, au risque de me répéter, les huîtres pouvant ingérer des micro-algues transmettant des risques d'intoxications de types gastro-entérites.
Certains coquillages sont non comestibles et sont transportés par la marée basse dans les petites mares sur les rochers:
* Bigorneaux jaunes, bernard-l’hermite, anémones de mer
Attention!!! Certaines plantes à tentacules peuvent être venimeuses, attention aussi aux vives à l'épine dorsale électrisante, venimeuse, et très douloureuse (souvent dans les estrans où les vagues sont nombreuses), et vers les rochers. Si vous en voyez, marchez à petits pas pour les effrayer et les éloigner.
Les méduses sont de plus en plus nombreuses sur les côtes bretonnes à la saison estivale. Si elles ne sont pas toutes dangereuses, ouvrez l'oeil tout de même !
Commentaires
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- 1. Zoe Davignon Le 03/09/2020
J'aimerais bien m'y rendre pour passer les vacances, de plus j'ai un parent qui vit sur les côtes Bretonnes. Je trouve que c'est une activité qui peut déstresser.
Attention, les algues ne sont pas tous toxiques, certains sont considérés comme une plante médicinale pouvant être transformé en complément alimentaire végétal.
En tout cas, merci beaucoup pour l'article qui permet dece loisir méconnu par les parisiens, y compris moi.
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- rachel_océane_l'arhantecLe 14/12/2020
Bonjour Zoé, Vraiment désolée cette réponse tardive, je viens seulement de trouver votre message du 03 septembre...ce confinement nous fait perdre la tête! Comme vous le dites très justement, les algues ne sont pas toutes toxiques, et heureusement, sinon, nous ne pourrions pas, je pense, créer de produits cosmétiques ou traitements médicaux à partir d'elles. Le algues font donc partie des nombreux trésors que recèlent la Bretagne. Dans mon article, je faisais plus allusion aux "microalgues" de couleur verte qui sont quelquefois ingérées par les huîtres et susceptibles de transmettre une bactérie... à l'heure où je vous parle, c'est du vécu... Il est donc nécessaire de bien connaitre les plages, certaines étant polluées contrairement à d'autres. Les offices de tourisme pourront aussi vous renseigner là où vous vous trouvez. Etant tout à fait ouverte aux idées et propos de mes lecteurs, je viens, grâce à vous d'ouvrir le forum de ce site vous pourrez donc y partager tout ce qui vous fait plaisir. Je peux aussi créer des pages spéciales ou chacun aura la parole, cela n'en sera que plus enrichissant. Ce site est récent, il y a encore beaucoup à faire, mais c'est n'est que du bonheur de promouvoir la Bretagne ! J'espère que ce virus va enfin s'en aller et que vous pourrez enfin venir passer vos vacances en Bretagne. Très bonne fin d'année à vous. Votre webmaster R.Océane
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