Les oiseaux marins

Les oiseaux sont utiles : 

"Le Mouscoul a frappé à ma fenêtre" cette phrase tirée de l' "Herbe d'or de Pierre Jakez Hélias" nous rappelle combien superstitieuses étaient les femmes de marins, lorsque leur mari, frère, fils étaient partis en mer pour de longs mois. Si les femmes, souvent seules, se réconfortaient entre-elles, la seule présence d'un oiseau marin était lourd de sens: le mouscoul, (fou de bassan en breton) était vite perçu comme un mauvais présage. Un autre témoignage évoquait un groupe d'oiseaux marins venus se poser en silence sur l'arbre d'un grand-père breton... quelques heures plus tard, il apprenait que son fils avait été emporté par les flots. "Parce qu'ils vivent à la fois sur mer et sur terre, les oiseaux possèdent un sens plus développé que les humains qui leur permet d'interpréter d'instinct l'évolution du temps et les évenements." (Homme libre, toujours tu chériras la mer : Olivier de Kersauzon). Est ce pour cette raison que le macareux, surnommé le moine pour son plumage noir et blanc, ou encore le "Diaoul ar vor" (diable de mer") à cause de son bec prétendu venimeux,  trouvait refuge dans les hermitages et les maisons religieuses... les mâles vivant même séparés des femelles en dehors de la période de reproduction. 

Il n'était pas rare non plus qu'un oiseau marin joue le rôle de facteur, transportant autour de son cou un message qu'il avait a charge de porter sur la terre des hommes : "SOS, des marins se sont échoués sur une île déserte, besoin d'assistance ! Ainsi, on retrouvait à 3000 milles de là le message du  "Tamaris", un trois-mâts breton. L'histoire ne dit pas s'ils ont été sauvés, mais l'oiseau, lui, a fait son travail. 

Le Puffin cendré se révélait aussi d'une grande utilité pour le pêcheurs en indiquant l'emplacement des bans de poissons, alors que les radars n'existaient pas encore. On raconte même que des cormorans étaient dressés pour cela. C'est ainsi que les hommes et les oiseaux ont appris se connaître, jusqu'à ce que l'homme, pour des besoins de survie, trouve d'autres motifs d'utiliser les oiseaux. Les œufs sont ramassés sur l'estran et améliorent l'ordinaire des repas. Dans l'esprit des gens, les œufs symbolisent la naissance : d'ailleurs, les " cloches de Pâques" n'apportent-elles pas aux enfants bretons de bons gros oeufs de mouettes en sucre? Seulement, voilà, l'homme ne s'est pas contenté des œufs, peu à peu les oiseaux aussi ... rejoignent les pommes de terre dans le faitout.  

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Prise de conscience : la réserve des sept îles: 

C'est alors qu'en 1912, une vague de compassion se fait jour dans les esprits : en ne ramassant que la deuxième couvée, et en laissant la première, la reproduction était à nouveau possible. C'est ainsi qu'en Bretagne, au large de Péros-Guirec/Ploumanac'h, une équipe d'une 60 aine de scientifiques dévoués à la cause, crée la plus grande réserve d'oiseaux marins de France. L'archipel des sept îles (L'île plate, l'île aux moines, Bono, Malban, Rouzic, les Costans et les Certs) deviennent pour ces fragiles créatures livrées au vent du large, un terrain privilégié sous bonne garde. Ensemble, les hommes s'engagent à : 

1) Effectuez un laborieux comptage des oiseaux : Imaginez vous en train de compter les enfants d'une classe qui ne tiennent pas en place! et bien là, ce sont des oiseaux qui volent !

2) Faire une évaluation régulière des possibilités de reproduction

3) Baguer les oiseaux et leurs poussins

4) Établir des fiches d'identité des "résidents"

5) s'assurer que la végétation dans les îlots est suffisante pour nourrir les volatiles ...car un oiseau qui ne peut nourir ses petits ne revient pas. Il y a même des phoques dans les parages! 

Et tout ce petit monde profite du bon air et des courants marins à portée de leurs ailes, le tout sur un tapis d'algues odorantes. La réserve ornithologique atteint aujourd'hui les 280 hectares sur lesquels aucune présence humaine n'est acceptée, hormis les professionnels... Et encore, pas tous !  Ceci, bien sûr, pour que les oiseaux puissent en toute liberté évoluer, se développer, s'accoupler et élever tranquillement leurs progéniture.  Près de 25 000 couples sont actuellement recensés. 

En constante augmentation depuis 1939 la population de fous 5449068 676x442p

Cause du déclin des oiseaux en Bretagne au XIXe siècle :

° Le ramassage du goémon crée l'extinction de plusieurs colonies d'oiseaux. 

° En Pays du Léon, la pauvreté et la famine poussait les hommes à ramasser les œufs sachant qu'une nouvelle ponte serait bientôt disponible... oui mais cela encourageait d'autres chasseurs venus d'ailleurs à se procurer facilement de la nourriture... Et nos pauvres oiseaux se retrouvaient pris au piège comme des papillons... 

° A Camaret aussi, des pêcheurs, pas forcément bretons surveillaient attentivement les oiseaux ... autant avoir " le beurre et l'argent du beurre" : le poisson et les oiseaux... avec les œufs en prime. 

° Du côté Breton, on se régalait aussi, mais plutôt avec les œufs de goélands argentés et de mouettes qui font de très bonnes omelettes. Mais cela mettait un frein à la reproduction, même si les goélands répondent de façon régulière. Les œufs de sterne et de guillemots ont aussi la réputation d'être délicieux. 

° Les pêcheurs qui manquaient de victuailles sur leur navire ont aussi concocté quelques bons ragoûts de morfaout (cormoran en breton). Depuis, l'animal se dresse fièrement, royal sur un pilier, étendant ses larges ailes, semblant marquer son territoire, avant de prendre majestueusement son envol face au vent.  

° La marée noire : polution pétrolière, comme chacun sait a fait de nombreux ravages sur les côtes bretonnes : L'Amoco-cadiz, l'Euréka etc. 

° Le réchauffement climatique : tout comme les humains, tout ce qui est breton a besoin d'air...

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Reconnaitre les oiseaux marins : 

Qu'ils soient prêts à prendre leur envol sur l'estran, perchés sur un rocher, dominant la falaise le bec tourné vers l'horizon, goûtant l'écume des vagues, où pataugeant dans les vasières, les oiseaux marins sont rois en Bretagne, répartis sur les 5000 kms de côtes. Résidents à temps plein, ou migrateurs retrouvant leur petit "nid d'amour" au retour de la belle saison, ils ont tous en commun le milieu marin. Si certains se plaisent sur les îles, d'autres préfèrent se dandiner sur les rochers ensablés du continent, guettant d'un oeil gourmand le retour du pêcheur. 

* Le Fulmar boréal : 200 couples en Bretagne. Un peu rapace, il plane au-dessus des vagues pour y dénicher des mollusques, crustacés, ou sur les quais pour quelques débris de poissons échappés d'une caisse. Cet oiseau se sent mal sur la terre, et s'il a peur, peut vous envoyer un jet d'huile jaune en pleine figure.  

Aspect : bec jaune crochu, un oeil noir, son corps est blanc, ses ailes sont grises ou teintées de noir. 

Ponte : en mai sur les rochers ou la falaise. 

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* Le Fou de Bassan : Surnommé le "Prince de Rouzic", il représente en effet 80% des effectifs de cette île où ils reviennent chaque année. Les ornithologues précisent même qu'ils seraient capables de repérer leur nid ... et même leur " femelle" ... Ils volent souvent en bandes les uns derrière les autres et se nourissent de petits poissons (maquereaux, sardines, anchoix, harengs...) Ils apprécient la falaise et la " foule" de leurs semblables. Certains se plaisent aussi en baie de Douarnenez. 

Aspect : brun pour les poussins, ils évoluent progessivement vers un plumage noir et blanc. Tête jaune. Long bec fin et grisatre. Pates palmées. 

Ponte : avril-mai sur un nid d'algues. 

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* Le Cormoran: Souvent vu sur le littoral breton, il se nourrit essentiellement de poisson. Sur un îlot, une falaise, un plan d'eau : rivière, lac ou bras de mer, son instinct le pousse à rester loin des prédateurs terrestres. Contrairement à de nombreux volatiles, il ne possède pas de glandes huileuses. C'est pourquoi il apparaît souvent perché en équilibre sur un pilier en bois occupé à se sécher les ailes... et tant qu'à faire... guetter les poissons imprudents qui se seraient "trompés de route". 

Aspect : Ses grandes ailes noires ou marron, ses larges pattes palmées le propulsent loin en avant ou dans les profondeurs. Sa tête est blanche. 

Ponte : Avril-mai dans un nid d'algues et de plumes. 

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* L'huîtrier-pie : Cet oiseaux anglais ou hollandais, souvent de passage sur les côtes bretonnes, apprécie plutôt la fraîcheur de l'hiver. Il se nourrit essentiellement de crustacés, de vers, d'insectes ou de crabes... mais les huîtres, ben non, il n'est pas trop fan malgré son nom...

Aspect : noir au-dessus, blanc dessous, il a un long bec fin et rouge, et des pattes rouges en forme de trident

Ponte : Mai/juin dans un creux à même le sol, à l'abri des eaux. 

 

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* Goëlands et mouettes : quelle différence? : 

En Bretagne, le goéland est généralement "Bruns" ou "Argentés", et plus rarement "marins"; quant à la mouette, elle est " rieuse" (et même moqueuse ! héhé!) ou tridactyles. Il n'est pas rare de voir le goéland faire "causette" avec ses copains dans les villes et surtout dans les marchés à la recherche d'une pitance gratuite, avant de s'envoler en planant, dans la force du vent. On le retrouve aussi sur les rails du tramway, au milieu des gens qui attendent, pas plus effarouché que cela. Il y en a même qui n'hésitent pas à entrer dans une boulangerie pour y glaner quelques miettes... et gare! si les croissants ne sont pas bien protégés... mais en Bretagne on le sait, alors on prévoit! Son cri est différent de la mouette, ressemblant à du morse, ah si! si! je vous assure!  biiiiip! biiiiip! biiiiip! bip! bip! bip! bip! bip! ... Quel message transmettent-ils? s'ils sont nombreux, paraissent nerveux et volent bas en bande... peut-être se passe-t'il quelque chose sur le port ou sur la mer... c'est du moins ce que pensaient les ancêtres...mais pas que! Et s'ils parlent à leurs amis oiseaux... et bien, cela ne nous regarde pas, pas vrai? 

Quand à la mouette, c'est souvent sur l'estran, dans les îlots ou dans la plupart des stations balnéaires qu'elle est le plus fréquente. Elle se nourrit de mollusques, poissons, graines, ou même de végétaux. 

Aspect : 

° Le goéland: Plus gros que la mouette, le goéland garde son plumage intact toute l'année. Malgré son côté un peu "charognard", c''est un pur bonheur de le voir se transformer en deltaplane, ses grandes ailes blanches, ou grises, bien tendues, portées par le vent vers un "crash" toujours contrôlé, ... et remonter d'un coup! un spectacle majestueux et vraiment reposant dont je ne me lasse jamais chaque matin en prenant mon petit déjeuner, avec le lever du soleil en toile de fond. Le bec est jaune avec une petite tache rouge. Les pattes sont jaunes ou rosées pour le goéland argenté. La queue est noire.  

° La mouette : vêtue l'été d'un " capuchon noir ou gris" qu'elle semble "enlever" l'hivers, le plumage est blanc sur la tête avec un oeil noir, gris sur le dos, la petite queue est noire. Le bec est blanc chez la mouette tridactyle, et rouge chez la mouette rieuse. De même les pattes sont gris/blanches chez les mouettes tridactyles, et rouges chez les mouettes rieuses... Harmonie de dame nature ou coquetterie ? 

Ponte : Pour le goéland, comme pour la mouette : Avril/Mai 

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* La sterne Pierregarin:Elle ne supporte pas la solitude et vit toujours en groupe sur les îles basses, les plages de sable ou de galets. Elle a aussi un talent certain pour se poser sur le bateau qui arrive et qui sait alors que la terre n'est pas loin. Si de nos jours les radars font la même chose, elle était elle-aussi une messagère fort appréciée au temps des ancêtres. Elle se nourrit de petits poissons attrapés dans un plongé bien ciblé. 

Aspect : petit capuchon noir, elle ressemble à un pigeon par son pelage blanc et gris et sa ligne allongée. Elle a un bec rouge en pointe et des pattes rouges. 

Ponte : en mai à même le sol 

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Le Guillemot : 50 couples de guillemots vivent aux 7 îles. Ils aiment le grand air et élèvent leurs petits en pleine mer. S'il vient à terre, il se cache, mais préfère les hauteurs de la falaise. La race a grandement subi le désastre des marées noires et du dégazage sauvage. Un peu inconscients du danger, ils se laissent prendre dans les filets des chalutiers. Quel dommage! ls sont si mignons ! Ils se nourrissent de poissons et de crustacés. 

Aspect : A mi-chemin entre l'oiseau et le pingouin, sa tête et son cou sont noirs, le corps est blanc. Les pattes sont palmées. Une fine ligne blanche au coin de son œil noir qui ressemble à une larme... 

Ponte : avril/mai : pas de nid, mais directement sur la corniche.

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Le pingouin Torda : là encore, moitié oiseau, moitié pingouin, il vit près des côtes où il se nourrit de poissons, de crustacés, et de mollusques qu'il pêche parfois à 10 m de profondeur. Il existe 40 couples de Pingoins torda aux 7 îles. 

Aspect : comme le guillemot, il a la tête et le cou noir, le ventre blanc, et les pattes palmées, mais son dos est noir. Son grand bec est noir à l'intérieur jaune. 

Ponte : près des corniches empruntées par les guillemots dont il préfère les fissures et les crevasses. 

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Et je termine avec la star et le préféré des enfants : le macareux moine : Autre grand victime de la marée noire et de chasseurs sans scrupules, ce dernier ne se reproduit qu'aux 7 îles où il a trouvé refuge. Les îlots recensent environ 180 couples dont les terriers sont signalés par un piquet de bois ou par des plumes. Cependant, quelques-uns se plaisent à Ouessant. Comme pour la plupart des oiseaux, le poisson, les mollusques et les crustacés sont au menu. 

Aspect : fidèle à son nom de "macareux moine" il porte sur le dos un "habit" noir à capuchon. Doté d'une joli tête blanche, terminée par un bec rouge, son ventre est blanc et ses pattes sont rouges. 

Ponte : il creuse un terrier dans l'herbe, dans les rochers ou au sommet d'une falaise. 

De nos jours, l'image du " Diable de mer" du XVIe siècle est plutôt liée au tourisme, ainsi, plusieurs établissements Morbihanais ont adopté le Macareux dans leur nom, même si l'animal a déserté ce département depuis 1970. 

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Solidarité pour la survie des oiseaux marins: 

Une belle collaboration s'est désormais établie avec une trentaine de laboratoires de recherche qui a abouti à la création de partenariats. Des accords de protection de la zone de vie des oiseaux ont dés lors été mis en place, notamment pour :

° bloquer l'accès aux prédateurs... humains compris... et favoriser la préservation et la conservation des différentes races. Comme l'a précisé l'un des ornithologues : "Quand les oiseaux sentent le danger, ils ne reviennent pas nicher sur les îlots, à l'exception de l'île au moines... les oiseaux auraient-ils la foi???

° Freiner l'extraction industrielle de sable dans les zones ornithologiques

° Les scientifiques mettent un point d'honneur à observer, protéger, et étudier le comportement animal de ces "voiliers des mer" (pour reprendre cette belle expression lue dans un article de Bretagne magazine sur le sujet)  afin que ces oiseaux puisse simplement vivre en paix. 

Les oiseaux marins

 

       

 

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