Vitré
" La tombe du Père Bretteau de La Gueretterie (1761-1840) est la plus visitée du cimetière Saint-Martin, à Vitré. Les mamans y amènent leurs bambins quand ils tardent à marcher. Le secret se transmet de mère en fille. Et on vient de loin pour solliciter l'aide du bon Père quand un enfant est confronté à des soucis de santé, qu'il ne marche pas encore ou qu'il est angoissé, avant un examen. La légende veut qu'on fasse marcher l'enfant autour de la tombe, cinq fois de suite. Les services municipaux ont dû enlever le portillon pour éviter que les enfants se blessent. C'est dire si l'endroit est fréquenté" Article Ouest France.
Il est vrai que depuis des générations, les Bretons sont des marcheurs reconnus, et que certains villages reculés manquent encore aujourd'hui de transports en communs. Si Vitré est devenu avec le temps une ville moderne, son patrimoine nous replonge direct dans le passé. Une promenade dans ses ruelles de Vitré s'impose! Ville de caractère à l'emprunte moyenâgeuse encore bien vivante, elle fait partie des lieux qui attirent les artistes. Aussi emprunterons nous l'itinéraire des graveurs, photos anciennes et peintres d'antan, une façon de leur rendre hommage en soulignant des oeuvres immortelles qui rendent à la ville son authenticité.
Gravure : Le manoir de pierre Landais par
Pierre Landais, fils de riches drapiers de Vitré, entre au service du duc comme valet de garde-robe, devient trésorier et receveur général de Bretagne. Maitrisant l'imprimerie et les lettres, c'est aussi un riche commerçant qui a rejoint la bourgeoise. En 1460, il crée à Nantes l'université de Bretagne. Principal conseiller du duc François II, il le seconde pour gouverner la Bretagne.
Outre la cité historique, Vitré est au XVe siècle, connue comme la cité des marchands d'outremer. Dans ses entrepôts, sont stockées les toiles de chanvre écru, ou canevas, réalisées dans la ville même, destinées à la confection de voiles de bateaux mais aussi à emballer les marchandises. Les toiles sont exportées via Saint-Malo dans les principaux ports européens. Cette époque de prospérité est à l'origine des nombres d'hôtels particuliers aux décors sculptés qui bordent encore de nos jours certaines rues de la ville. Organisés en confréries, Ces riches marchands contribuent également au financement de l'église actuelle " Notre dame" qui, en échange de bons et loyaux services, grave sur ses murs les marques, (on dirait " logos" aujourd'hui) des marchands de l'époque. Érigée à la fin du moyen-âge, de style gothique flamboyant, sa décoration évoque aussi une influence Renaissance. Ses grandes fenêtres sont conçues pour laisser entrer la lumière. Sa chaire et ses vitraux allumés la nuit en font l'un des plus beaux édifices de la ville. Mais il semble que le divin lui-même n'était " pas trop au rendez-vous"... En effet, au XVI/XVIIe siècle, les guerres de religion annonce le déclin d'une activité en pleine expansion: la noblesse se retrouve dans " le rouge", leurs maisons et entreprises étant pillées ou brûlées. Les marchands fuient vers d'autres continents tandis que les seigneurs et barons gagnent un Versailles protecteur. Vitré est livré à elle-même. La production et l'exportation du textile, subissant du même coups la concurrence de villes " mieux armées" se limite au seul besoin local.
Chaque ville close fortifiée a son château, c'est donc aussi le cas de Vitré. Celui est le résultat d'un don par le compte de Rennes à l'un de ses fidèles au Xe siècle. Une butte sur lequel se trouve un premier fortin va devenir le site du future château et l'une des places-fortes les plus imposantes de Bretagne. Au fil du temps, la solide bâtisse va faire ses preuve en résistant aux attaques anglaises et aux effets dévastateurs de la guerre de cent ans. Si le premier château en bois est détruit au cours d'un incendie, il laisse vite place à un château de pierre...(Non, ce n'est pas l'histoire des trois petits cochons!!! héhé!) Au moyen-âge, propriété de la famille du compte de Laval/Montmorency par alliance, il domine de 30m la Vilaine avec son donjon, ses flèches, et ses tours. Le porche de style roman et le double pont-levis sont encore visibles aujourd'hui. Avec le temps, le château-fort devient peu à peu un lieu de résidence, nanti de galeries et d'un oratoire. Au XVIe siècle, le parlement de Bretagne s'y installe à plusieurs reprises. Lieu de culte protestant, le château devient un bastion huguenot, avant que la révolution française et ses incendies à répétition ne détruisent une bonne partie des bâtiments. Le château sera finalement abandonné jusqu'au XIXe siècle avant de devenir une prison puis un lieu de garnison abritant l'armée. Racheté par l'état, il abrite au XXe siècle un petit musée, puis une école de garçons, avant que l'hôtel de ville ne s'installe en son sein. Il aura bien mérité son classement "monument historique" en 1872.
Vivre à Vitré au moyen-âge :
A l'intérieur de la ville close et aussi autour de l'enceinte du château, le manque d'hygiène responsable des épidémies, les rues sombres et humides, ainsi que les risques d'incendies des maisons à pans de bois mitoyennes provoquent chez la population un climat d'insécurité qui est compensé par le travail: la fabrication de toiles à voile à base de chanvre et de lin constitue la principale ressource de la ville. A défaut de médecins dignes de ce nom, les malades sont soignés dans les couvents : Ursulines, Jacobins, Augustins...transformés en hôpitaux de fortune en certaines occasions. Au XIIIe siècle, apparaissent les premières rues pavées et de nouveaux ateliers d'artisanats s'adaptent aux circonstances : poterie, travail du cuir, céramique complètent les ouvrages textiles. Au château, des chevaliers parfois de passage se préparent à rejoindre les croisades. Sur le plan hurbanisme, les encorbellements des maisons (avancée des étages supérieurs sur la rue) permettent un gain de place. Les piétons peuvent ainsi se protéger des intempéries, et l’eau de pluie tomber dans le caniveau central pour éviter le pourrissement du bois. Même chose pour les maisons à porches qui fournissent aussi un abri et lieu d'exposition de choix pour les marchandises des commerçants. Les noms des rues (dont certains gardés jusqu'à présent) expriment souvent des confréries d'anciens métiers d'artisanat. En ce temps-là, les rues étroites et tortueuses ont pour but de faire office de labyrinthe pour que l’assaillant qui oserait venir avec de mauvaises intentions puisse se perdre. On dit souvent qu'en Bretagne, il n'est pas toujours facile de trouver son chemin, que les rues sont tortueuses; c'est encore le cas dans les campagnes; et que les noms des rues ne sont pas toujours là où on les cherche... Peut-être y a-t-il un lien avec cette époque.
Et plus tard :
Au XVIe siècle, quand le temps le permet, les tricoteuses sortent leur chaises sur le trottoir. Pour quelques sous, elles vont confectionner sur demande de la population des chaussettes de laine, des chaussons en fil de lin, des vêtements pour les bébés ou des écharpes pour les plus grands. C'est aussi l'occasion rêvée pour rencontrer les voisines et échanger les potins du jours. Quatre portes permettent l'accès à la ville close dont la poterne saint-Pierre, la seule encore visible aujourd'hui. Malgré cela, les ruelles ne sont pas toujours sures la nuit. Chaque soir, passe le crieur pour annoncer l'heure du couvre-feu, et gare à celui qui ne respecte pas les consignes. Trois siècles plus tard, au petit matin, le tapeur de vitre, muni d'une perche et de son sifflet, parcours le même chemin pour réveiller les gens. Au XVIIIe l'artisanat et le commerce ont donné un nouvel éssor à l'économie locale, et donc le travail n'attend pas. La place du village rassemble les habitants, soit le jour du marché, ou pour écouter les nouvelles du crieur de journaux, mais aussi pour gérer les affaires de la ville, à défaut de tribunal. C'est aussi le point de rendez-vous des des fidèles de l'église, les jours de pardons. Le soir, devant les maisons de pierres, on papote entre voisins, quand on ne s'invite pas pour assister à une veillée, ou simplement à venir boire un petit coup. Le lendemain, ces dames se retrouvent souvent au lavoir pour faire bouillir draps et chemises...et au passage pour " blablater" au sujet de la voisine qui aurait un amant dans les broussailles...Par contre, On pense toujours à rendre visite aux anciens qui ne restent jamais seuls. Dans les rues, passent les charrettes à bras du poissonnier ou du tailleur de couteaux. La vie s'écoule, avec ses hauts et ses bas, au rythme tranquille de la Vilaine.
1000 ans d'histoire, mais pas que...
En 2008, Vitré a fêté ses mille ans d'histoire qui est, en réalité, beaucoup plus ancienne; les fouilles archéologiquent le prouvent :
* par la présence de menhirs et dolmens datant de l'époque Néolithique.
* par l'apparition d'une ferme du IIIe siècle avant JC avec enclos à bétail
* par la voie romaine qui rejoignait Rennes au Mans et passait par Vitré.
* Par des poteries et pièces de monnaie de l'époque de l'empereur romain Constance II, et enfin la présence d'étangs et d'un aqueduc, révélateur d'une vie gallo-romaine.
* Par des tombes mérovingiennes et carolingiennes, ainsi qu'une collégiale romane du moyen-âge.
Avec ses 18 000 habitants, Vitré, ancienne sous-préfecture de l'île et Vilaine en 1926, est aujourd'hui un chef-lieu de canton. Ville d'art et d'histoire, elle fait partie des " plus beaux détours de France" regroupant 14% des monuments historiques du département. La ville est aussi une "adepte" des concours des villes et villages fleuris dont elle a remporté le trophée à quatre reprises.
A voir, à faire à Vitré :
L'ancienne ville close a su conserver jusqu'à nos jours son cachet d'antan.
Le quartier historique :
* le château et son musée : Les archives préservées jusqu'à ce jour rappellent entre autres que Madame de Sévigné a beaucoup fréquenté ce château dans l'enceinte duquel elle s'était d'ailleurs fait construire une magnifique propriété. Périodiquement, des animations sont proposées aux enfants autour de la vie des chevaliers, avec mise en situation.
* les ruelles pavées sont encore aujourd'hui bordées de maisons de pierres ou à pans de bois, comme la maison la Maison de L’isle du 16e siècle. Les maisons à porche dont l'étage s'avance sur la ruelle sont occupées par des commerçants mais valent quand-même le coup d'oeil.
* la Tour de la Bridole : Cette tour qui défendaient la cité permet d'apercevoir le chemin de ronde, les archères et les canonnières.
* La promenade du Val, ouverte au public, permet de longer les remparts en admirant le panorama sur la ville.
* la poterne saint-Pierre : c'est la dernière porte en pierre de la ville. Datant du XIIe siècle et magnifiquement réalisée, elle vous fera d'emblée basculer dans le temps...
Des édifices religieux :
* l'église notre-dame et la chapelle saint-Nicolas : dans l'ancien quartier de Rachapt, celui des tricoteuses. Cet ancien monastère du XVIIe siècle jouxte l'ancien couvent des bénédictines. Ne manquez pas son vitrail. Un petit musée abrite des pièces d'orfèvrerie religieuse ainsi que le tombeau de Robert de Grasménil (chanoine Vitréen), il contient aussi un maître-autel de 1870 et des peintures murales.
* l'église saint-Martin : ses orgues sont impressionnants. L'église abrite de belles sculptures et peintures murales. Son clocher date du XIXe siècle.
D'anciens couvents du XVIe siècle: celui des ursulines, et des Augustines
* les tertres noirs : en hauteur, c'est l'observatoire qui permet de découvrir la ville.
Des hôtels particuliers du 16e siècle : l'hôtel Ringues de la Troussonais : ancien hôtel particulier ayant abrité la confection de toiles de chanvre et de lin (ou du moins son commerce ?), l'hôtel du bol d'or
* des espaces verts pour flâner et rêver : Le jardin du Parc, le jardin du château des Rochers-Sévigné, le Pré des Lavandières, la promenade de la Vilaine etc.
Des musées :
* le musée du château : raconte l'histoire de la ville
* le musée des Rochers Sévigné (histoire, arts décoratifs)
* le musée des abeilles et bien sûr du miel
* Musée de la Faucillonnaie : l'art dans le mobilier et les costumes, les outils et de belles peintures
Une vie culturelle :
* le Centre culturel Jacques Duhamel était une ancienne manufacture de fourrures.
Aux portes de la Bretagne, Vitré à ouvert une maison des cultures du monde
Autour de Vitré :
* Le site mégalithique de la roche aux fées (menhirs, dolmens) à Essé, au sud de Vitré
D'autres villes au caractère médiéval bien trempé pour notre plus grand plaisir comme Fougères ou Chateaugiron
Des villes/villages de maisons de granit : Saint-Brice-en-Coglès connu pour ses ancienne carrières et sa production de granit qui en font aujourd'hui un lieu agréable à visiter
Le vitré culinaire :
De mon enfance, (pas très loin de Vitré), je garde le souvenir de délicieuses crêperies. Mais dans un passé plus reculé, la ville avait proposait quelques spécialités locales parmi lesquelles la roulade sévigné (en hommage à la célèbre grande dame du même nom qui a habité la ville) : roulé de pintade à la farce aux blancs de volaille, aux champignons, aux noix et aux échalotes. En dessert on pouvait vous servir un vitréen : petit gâteau rond aux pommes caramélisées et aux amandes.
Où manger :
* Le petit bouchon : recettes locales et produits frais
* Copains comme cochons : un bon vieux bistrot en mode 60th et les bonnes recettes des grand-mères
* Le petit pressoir : peut être un peu cher mais cuisine du terroir raffinée
* Les pieds sous la table : produits terre et mer dans un décors ancien
* Le XVIIIe : cuisine française dans un hôtel particulier, bon rapport qualité-prix
Où dormir :
* Hôtel-restaurant L'espérance : chambre à moins de 50 euros la nuit, proche du jardin des plantes, à 10mns à pieds du château, cuisine traditionnelle et animaux acceptés
* Le Petit Billot : hôtel de charme au coeur du quartier historique, bon rapport qualité-prix
* Hôtel du château : dans le quartier historique
* La grenouillère : accueil familiale dans une maison bien fleurie, cuisine du terroir, au bord de la Vilaine
* Le camping Saint-Etienne : à 5 mns en voiture du centre ville; à proximité: la piscine et les terrains de sports.
* L'Auberge Saint-Louis dans une maison à pans de bois, salle à manger rustique. Attention: commentaires négatifs sont sur Trip-advisors mais exiger la qualité peut faire évoluer les choses pour le meilleur (je la cite donc dans ce but...)
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