Concarneau (en cours)

Petite histoire d'un grand port : 

L'îlot sur lequel est posé la ville close forme une barrière naturelle contre les humeurs climatiques, sauf que depuis des temps immémoriaux, les endroits stratégiques attirent les convoitises et provoquent des affrontements réguliers avec les navires pirates Anglais qui trouvent « asile » dans l'archipel des Glénans. Il faut dire que ce lieu offre un poste d'observation parfait pour y planifier les attaques des navires marchands en partance vers le large. Nous sommes au XIXe siècle et là encore, Vauban sera appelé à la rescousse pour faire de la ville une forteresse digne de ce nom. 

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Ville ou campagne?

Les premières constructions de la ville close remontent au Xe siècle et connaîtront plusieurs variations de style en fonction de l'évolution de la vie. Le XVIIe siècle en marquera la forme définitive. Après la révolution, la bourgeoisie quitte la ville close et son insalubrité, et rachète les anciennes maisons d'armateurs. L'augmentation de la population entraîne un agrandissement de la ville et un élargissement des quais. Les conserveries se sont multipliées, le port est au mieux de " sa forme". Pourtant, depuis que les communes avoisinantes ont été rattachées à Concarneau, une bonne partie de la population se dirige vers Lanriec séparée de la ville close par un bras de mer, ou vers Beuzec sur les hauteurs : en effet, l'initiative prise par la commune ne plaît pas à tout le monde. Les partisans de la vie urbaine et des industries ouvrières d'un côté, et de l'autre, ceux de la tradition rurale ont du mal à cohabiter. Et c'est encore le cas deux siècles plus tard, chaque commune conservant sa propre mairie. On appartient à l'un ou à l'autre village, mais on n'est pas de Concarneau qui représente le carrefour central, tout au plus un lieu de passage... Jusqu'à ce que le développement de la pêche mobilise toutes les énergies de la ville.

En 1850 : les propriétaires des conserveries et aussi des notables s'installent aux Sables blancs et achètent les champs en bord de mer... avec leurs marais dans un but de transformation, ce qui arrange bien les paysans que la marée et les terrains marécageux rendaient méfiants. Des années plus tard, le charme du lieu attirent les artistes, toujours attirés par la vie en mer et ses traditions. «Les chaloupes sardinières"  peint par Mathurin Meheut, ou les "chantiers navals" par Jean Le Merdy en sont des exemples parmi tant d'autres. Même Paul Gauguin fait un séjour à Concarneau...qui se termine par une fracture au tibia suite à une bagarre avec des pêcheurs. Georges Simenon succombe à la beauté des « demoiselles de Concarneau » et le "chien jaune", roman policier de Georges Simenon, non seulement donne son nom à un festival annuel de romans policiers mais il rejoint la série des épisodes du commissaire Maigret. Jōrg Bong, mieux connu sous le nom de Jean-Luc Bannalec nous livre aussi quelques bons vieux romans ayant pour toile de fond la ville de Concarneau, et dont s'inspireront plus tard les enquêtes du commissaire Dupin.

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* 1900 : près de 700 chaloupes pour 3500 hommes d'équipage vont « taquiner » la sardine. La mer est généreuse et fournit aux hommes quelques 10 000 tonnes de ces demoiselles au dos bleu luisant...Un succès jamais égalé, résultat de plusieurs pêches « miraculeuses » pour marins expérimentés. Lorsque retentit la sirène du retour des pêcheurs, les caseyeurs et quelques canots sont déjà sur place près pour recueillir le poisson et le remorquer sur le quai. Debout sur le bateau, des hommes sont occupés à «démailler » les filets pour décrocher les dernières sardines prisonnières dans les mailles. Comme ses semblables, elles finiront grillées et séchées à l'usine, tout de suite repérée par la fumée odorante qui sort des cheminées. Vendues aux enchères, elles sont l'enjeu des mareyeurs hurlants: la concurrence est rude à la criée ! Lorsque les dernières caisses sont parties, tout le monde se retrouve pour une pause bien méritée sur le trottoir d'en face où se trouve l'abri du marin qui accueille les matelots après des journées de dur labeur.

Même la mer a ses limites : 

Si le progrès est souvent facteur de développement, il peut aussi chambouler l'évolution du monde... l'évènement du siècle en Bretagne comme ailleurs, c'est la révolution industrielle qui fait "miroiter" quelque chose de nouveau : le fer-blanc. Comme un cadeau pour nos gens de mer, il fait germer dans les esprits l'idée d'en faire des boites pour y conserver les sardines, un peu trop nombreuses dans les conserveries. La période est prospère, on ne compte plus les heures à l'usine de préparation du poisson. 15 heures par jour deviennent un rythme normal, tandis que les hommes repartent en campagne de pêche aux premières heures de la nuit pour être sur les lieux avant le lever du soleil. La ville en effervescence vit autour de son port et la sardine assure aux familles une sécurité relative... mais au prix de combien de vies humaines engloutis sous les flots ! Quoi qu'il en soit, elle attire aussi les voisins. Les bateaux lorientais, sans doute mieux armés, de même que ceux de Douarnenez font eux aussi une razzia dans les coins les plus poissonneux, après tout, la mer est à tout le monde! de plus, ils récupèrent le trop plein de poissons que Concarneau, déjà surbouké ne peut plus gérer. Et, comble de malheur! le poisson bleu devient de plus en plus rare à Concarneau allant jusqu'à pratiquement disparaître. "Les sardines nous ont dit "Kenavo" et sont allées faire un tour vers Dieu sait quelle mer" dit-on dans les chaumières, quand certains accusent les bateaux à vapeur d'en être la cause. Pour d'autres encore, ce serait la faute du réchauffement climatique du Gulf stream... eh oui! déjà à cette époque! pour les supersticieux, la punition divine, le mauvais sort...quand un jour, un nouvel ennemi potentiel semble se manifester, faisant irruption depuis les profondeurs de l'océan: les bélougas, ces grands dauphins blancs tellement vénérés mais qui, eux eux aussi, raffolent du poisson... 

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La fin du siècle s'annonce difficile et la famine s'installe. Les usines débauchent plus qu'elles n'embauchent. On crée  des " fourneaux populaires" pour nourrir les plus défavorisés. On est solidaire aussi, même Paris s'interresse à la cause et crée en faveur de la Bretagne des galas de bienfaisance. Encouragés par cet élan, les hommes ne baissent pas les bras, et profitent même de cette période creuse pour réparer et rénover le matériel de pêche. La soumission, ca jamais! mais agir, ca, on sait faire! "rebondir" a toujours été le deuxième prénom des bretons, pas vrai? Chez nous on a pas de pétrôle mais... vous connaissez la suite! 

Alors que bon nombre de pêcheurs bretons ont élu "domicile" sur les grands bancs de Terre-neuve pour appâter la morue, ceux de Concarneau, soit environ 2000 hommes mettent le cap sur l'Afrique et l'Océan indien qui regorgent de thons. L'idée est excellente ! et les vents dominants poussent les navires dans le bon sens. Aussitôt,  dans la ville aux ruelles sinueuses s'élevent les premières villas d'armateurs. Une nouvelle période de prospérité est en cours. En 1950, Concarneau devient le premier port de pêche français. Le thon promet un avenir meilleur ... même si la ville qui n'a plus de sardine perd peu à peu  « une partie de son âme » .

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Le festival des filets bleus : 

En 1905, une nouvelle idée va valoir son pesant d'or : Chaque 3eme dimanche d'août, la fête des filets bleus, qui n'est au départ qu'une kermesse dont le revenu a pour objectif d'aider les pêcheurs de sardines, donne rendez-vous aux cercles celtiques de la région. Ce sont eux qui auront l'honneur et l'avantage d'escorter la " reine des filets bleus" lors du défilé. Par tradition, celle-ci doit être une ouvrière de Concarneau. Les années deux mille accueillent encore aujourd'hui cette fête devenue un festival qui, lors de la disparition du poisson bleu sur les côtes de Bretagne, à sauvé le monde des pêcheurs. Dans les années 60, l'argent récolté permet le développement de la pêche hauturière sur des chaluts de plus de 30 m dont 70 ont depuis été revendus à des pêcheurs espagnols. Le festival des filets bleu n'est donc pas d'origine celtique, mais un mouvement de solidarité créé pour contrer la famine chez les familles nécessiteuses de Cornouaille, le poisson étant à cette époque le seul gagne-pain. C'est donc dans cet esprit que, sur l'initiative de l'ancien maire de Concarneau : Louis Marie Billette de Villeroche, les chars de bois transportent toujours aujourd'hui la reine et ses dauphines au son du biniou. Après un arrêt obligatoire lors de la grande guerre, cet authentique rendez-vous du patrimoine culturel breton témoigne encore de l'identité maritime de Concarneau en mettant l'accent sur les métiers de la mer et de la pêche. 

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* 1920 à 1940 :

Concarneau dispose d'un savoir-faire et d'une longue tradition pour le traitement du poisson. On est fier de voir débarquer à quai ses 250 thoniers ! La ville close qui a finalement acquis une d'ouverture sur le monde, redevient un pôle d'attraction en Bretagne, et même en Vendée, reconnu comme le premier port thonier d'Europe... même s'il est saisonnier. C'est en 1936 avec l'arrivée du moteur Diesel pour les thoniers que la pêche pourra se faire à plein temps. Ainsi, une routine va s'installer : de juin à octobre pour la pêche au thon, et de novembre à mai pour les chalutiers sardiniers... il en reste quand-même quelques-unes...ou alors certaines sont revenues? Quoi qu'il en soit, il semble que tout le monde : marins-pêcheurs et armateurs y trouve son compte. Les tonnages augmentent jusqu'à obtenir 6500 tonnes, facteurs d'emplois dans les usines. Au premières heures de l'aube, avant que le soleil ne se lève, les hommes sont déjà en action. La présence du vent est salutaire pour préserver la qualité du poisson qui, une fois assommé d'un coup de picot derrière la tête, sera suspendu par la queue sur le râtelier du navire, appelé « bois de thon », dans l'attente d'être débarqué sur la cale. Enfin arrivé à l'usine, les thons sont comptés... et senties par les senteuses qui vont ainsi déterminer la qualité du produit, en d'autres termes, pouvoir affirmer que le poisson n'a pas subi de dommages suite à des conditions météorologiques souvent changeantes en l'espace de quelques jours. S'il change de couleur, ou pire... d'odeur, ce n'est pas bon ! L'usine ne le prendra pas.

1940 : Encore une nouveauté dans le monde de la pêche : les premières chambres froides apportent un plus non-négligeable dans la conservation du poisson. Construites en ciment isolé par des plaques de liège à même le bateau, elles contiennent jusqu'à 8 tonnes de glace déversées à quai par des camions. De chaque côté du bateau se trouvent les râteliers à poissons. Grâce à Louis Krebs et à son chantier, associé à celui d'Henri Alliot, a été conçue la chambre froide sur les chalutiers-thoniers; nouveau concept associant le chalut à la pêche au thon qui va accompagner près de 2000 campagnes de pêches pour 2500 courageux marins.

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Pendant la grande guerre, les 25 chalutiers Lorientais se replient à Concarneau, ce qui produit un juste regain d'activité pour les thoniers-chalutiers. Concarneau voit alors revenir certains armateurs, " appâtés" par cette nouvelle pêche au chalut thonier. Des navires à voiles s'arment du fameux moteur diesel révolutionnaire et aussi d'un filet tournant ; la flottille des chalutiers s'adapte à la situation. La progression est régulière et les mareyeurs affluent. Suite à toutes ces nouveautés, et dans un souci de rentabiliser l'argent dépensé, le cours du poisson sera l'un des plus élevés de tous les ports de l'Atlantique.

* 1950 à 1960 :  Encore une fois, les Concarnois vont faire preuve d'ingéniosité face au risque de surpêche toujours possible. Si la courbe est à nouveau en chute libre, le thon sera désormais capturé à l'appât vivant. Les résultats sont encourageants et ouvrent de nouvelles opportunités de chantiers spécialisés commandés par les armateurs eux même...quand ils ne sont pas sur leur bateau. On en profite aussi pour rénover la flotte chalutière, à laquelle s'ajoutent 65 nouveaux spécimens de 25 à 30 m avec un moteur plus puissant. Une chose est sure, Concarneau a bien mérité sa place de 3e plus grand port chalutier de France, 1er port thonier et son label de "Grand port de pêche". Afin de mieux s'encourager à l'effort, les bateaux portent des noms de sommets de montagne ; une façon bien locale d'imprimer dans les esprits une image de conquête de l'océan et de ses richesses. Partout, sur les quais, les caisses de poissons embaument...

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Les années 60 à 70 : une autre grande décennie : 

Il semble que la vierge des mers n'ait pas abandonné la foi des marins, car une nouvelle idée de génie est sur le point d'aboutir dans les chantiers : le châlutier-congélateur qui donne aux bateaux l'aval pour étendre sa zone de recherche du poisson, tout en conservant la production déjà préparée sur le bateau. Aussitôt, l'accord est donné pour un nouveau programme de construction de 50 chalutiers de type 30-32m avec des moteurs 500 à 700 chevaux et pêchant à l'appât vivant. +17 thoniers-congélateurs en acier.  C'est alors qu'en 1963, Concarneau a égalé le port de Lorient en valeur marchande, ce qui lui vaut la place très honorable de 2e port français. C'est la ruée vers l'or sur le chalutiers Aravis , 32 m, l'un des plus grands de la flottille concarnoise. Construit sur le modèle des gros chalutiers Lorientais, il peut affronter le gros temps des mers d'Irlande ou des mers du nord.

Un pêcheur raconte : «  le poisson pêché était vidé, travaillé, mis en filet puis conditionné à -50° dans le congélateur. Pour entrer dans la cale, je devais porter une combinaison spéciale. Le poisson était ensuite retiré pour être mis en sachet et conservé à – 25°. Le tri du poisson revenait au dockers lors du déchargement. »

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Qui dit nouveaux bateaux dit aussi nouveau confort et plus de sécurité pour les pêcheurs: 

« le pont couvert est une sécurité, une fois les manœuvres du filet terminées, les portes sont fermées et l'équipage est à l'abri du vent pour travailler le poisson, comme dans un sous-marin contrairement aux anciens chalutiers qui oeuvraient dehors quelque soient les conditions climatiques. 

« l'équipage est bien logé dans l'unique poste arrière sous la cuisine. Une longue coursive permet de déposer les cirés pour les faire sécher. Les couchettes, superposées deux par deux sont toutes revêtues de formica. Chacun dispose d'une armoire où il peut ranger ses affaires personnelles. Le banc qui entoure la table centrale et qui sert de caisson recueille les bottes et les sabots qui encombrent souvent le milieu du poste, glissant sur le parquet à chaque coup de roulis. Chaque couchette est dotée d'une lampe personnelle. On peut aussi installer un rideau pour garder un peu d'intimité et tamiser la lumière qui brille en permanence au dessus de la table commune qui sert aussi de réfectoire pour les matelots. Seuls les cadres, capitaine, bosco et mécaniciens ont un réfectoire personnel près de la cuisine. Une antenne est installée par le roof de ventilation afin de faire passer les ondes de la radio. Au changement de quart de surveillance, entre les levées de filet, une coursive donne directement accès à la passerelle : c'est une grande sécurité quand on sait combien d'hommes ont disparu en rejoignant leur service de quart par l'extérieur comme c'était le cas sur les bateaux en bois. ». Devant autant de progrès, les pouvoirs publics accordent des subventions aux armateurs qui dirigent les chantiers. Les nouveaux moteurs Baudouin automatisés seront une occasion de plus pour faire briller la cité corsaire. 

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Les 70th, " je plie mais ne sombre pas!" pourrait être la devise de Concarneau: 

Décidément, rien n'arrête nos travailleurs bretons, ni l'épuisement des fonds marins, ni la diminution de la production qui va à nouveau surgir au sein de la construction navale, et encore moins la concurrence accrue des zones de pêche, pas plus que l'augmentation du carburant et du matériel. " Qu'on se le dise, on recherche des dockers à Concarneau pour le déchargement du poisson"  les entreprises productrices de glace se taillent aussi la part belle pour remplir les congélateurs des chalutiers. Des techniciens pour l'entretien et la réparation du matériel surgissent de toute part. Le rendement à l'usine et à la conserverie se maintient. Et au retour de la pêche, tout le monde est au bistro où la paie est divisée entre le nombre de marins, une fois que les frais de l'armement ont été déduits.

A Concarneau on a le vent en poupe et on ne baisse pas les bras ! Les chantiers Navals Piriou, qui ont su s'entourer d'une main d'œuvre qualifiée fournissent des remorqueurs, des vedettes rapides pour l'armée, et même des pétroliers, pour terminer en apothéose avec l'Astrolabe : le ravitailleur des bases de Terre Adélie. De leur côté, les chantiers Jfa-Kairos font dans la gde plaisance de luxe qui doit obligatoirement répondre aux exigences écologiques : yacht de croisière, catamarans de luxe, trawlers de plus 40 m (bateaux de plaisance de type bateau de pêche). Les outils de travail sont novateurs et performants : chariots élévateurs pour les bateaux de forts tonnage ou encore des cales sèches (radoubs) pour grand carénage (destinés à la révision de la coque de navire). Les 70th sont le temps de la pêche hauturière en haute mer, et les pêcheurs ont adopté une nouvelle technique...Oui! une de plus! : la pêche arrière. Le chalut ainsi posé sur le tableau arrière offrent aux marins de meilleurs conditions de travail, la pêche étant moins dangereuse et plus productive. C'est cette nouveauté qui fait remonter Concarneau dans les sondages : classé 3e port français et 1er en valeur marchande malgré l'inflation du gazole. Mais sur les côtes bretonnes, le poisson bleu se fait toujours rare. Il reste néanmoins aujourd'hui une 20 aine de pêcheurs côtiers et quelques  bolincheurs qui y croient encore...   

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Les années 80 à 2000 :

Il semble qu'avec le temps les partisans de la ville et ceux du monde rural ait finalement trouvé un terrain d'entente. La pointe du Cabellou est devenue le quartier des gens aisés tandis que celui de Trévigon interdit les constructions afin de préserver l'environnement et le caractère rural qui attire les oiseaux migrateurs. Mais c'est toujours Concarneau ! Dans les cités ouvrières, on continue à être solidaire pour construire de nouveaux bateaux: le bois, c'était avant! Vive le fer! du moment que les embarcations sont plus grandes, plus rapides, et surtout plus solides face à la tempête. Sur la pointe de Beg-Meil, les quartiers balnéaires vivent d'un tourisme en constante évolution. Les villas ont un accès direct à la mer depuis que la loi littorale le permet. Une bonne harmonie règne donc au sein de la ville...qui n'est plus si close que cela, et le climat aidant, maintient un certain équilibre entre les variations Finistèroises et la douceur Morbihannaises. Depuis 1975, la fête des vieilles coques, célébrant la mer et les vieux gréements rendent aussi hommage à la créativité des enfants des écoles, qui contribuent activement à la décoration des bateaux. Le défilé sur le quai se termine par le lancement d'une gerbe à la mémoire des disparus.

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Apprentissage : 

L'ancienne criée du XIXe est aujourd'hui devenue l'école de voile de la ville. En face, le centre nautique des Glénans forme les futurs cadres du nautisme, avant d'être reconnu institut nautique de Bretagne pour le marketing, la gestion, et les ressources humaines, soit un total de 300 personnes en formation continue. De son côté, le centre européen de formation continue maritime propose des cursus pour les métiers de marin, de la pêche ou de la plaisance, en passant par les skippeurs de navires à passagers. Chaque année, ont lieu les grandes courses nautiques: course en solitaire du Figaro, transat AG2R (Concarneau-Saint Barth), une façon agréable et bénéfique de réveiller le temps des expéditions d'antan.

Etre marin, c'est d'abord être responsable et solidaire, c'est savoir protéger sa propre vie mais aussi de celle des autres. Apprendre les gestes qui sauvent est primordial, mais pas que... ! Sur un bateau, le savoir faire de chacun est une "perle du collier". Aussi, un certificat d'aptitude en menuiserie, en soudure, ou de bonne connaissances en mathématiques sont aussi importantes que de savoir réaliser des nœuds pour la voilerie, manœuvrer un gouvernail, connaître la technique des voiles ou savoir manier les cordages : en un mot, c'est être autonome sur l'océan, quelque-soient les conditions météorologiques et savoir s'adapter à l'environnement ambiant. Un pêcheur qui sait se diriger à la rame ou à la godille saura sans doute mieux qu'un autre rejoindre la rive. Apprendre à accoster, savoir maintenir le cap d'un bateau à moteur, toutes ces choses plus qu'évidentes le restent-elles quand la tempête surgit de nulle-part? Connaitre l'histoire de la navigation et à travers elle, revivre l'expérience des anciens qui savaient lire la mer comme personne, cela vaut toutes les théories du monde. S'accoutumer aux conditions de vie à bord, être en totale osmose avec les autres membres de l'équipage et savoir vivre au rythme des marées. Voilà tout ce qu'une formation de marin peut vous apporter, et beaucoup plus encore... même si, chez les bretons, on naît marin ou on ne l'est pas!

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Mais il ne faut jamais oublier non plus que le véritable apprentissage, la vraie mise en situation sera celle du moment présent, lorsque vous vous sentez prêt à embarquer pour votre première campagne de pêche, sans doute en tant que mousse. Et même si on vous demande seulement de préparer le café, de donner un coup de peinture, d'aider au filage de lignes, de graisser les hameçons...sans vous écorcher les doigts! ou encore de préparer le repas pour les hommes d'équipage, encore pire! vous serez de corvée de patates ! alors vous reviendrez fier d'avoir contribué au bon moral des troupes et au succès de l'expédition.

La ville close :

La ville close est originellement construite sur l'îlot rocheux de Conc, du nom du chef breton Concard. Ce dernier fonde au Xe siècle un sanctuaire religieux ainsi que les premières habitations qu'il parvient à sauver des attaques de peuples pictes et autres Barbares... Les fortifications datent du XIIIe siècle et seront renforcées trois siècles plus tard par Vauban. Les remparts forment une enceinte de près de 1000 m, ponctuées de 8 tours ouvertes, le toit ayant été enlevé pour faire entrer l'artillerie, qui protégeait la ville et le port des pirates et autres attaques ennemies. Trois portes dont la principale reliée à un pont levis, "ouvrent" la ville qui a su conserver ses anciennes maisons à corniches ou à pignons en granit ainsi que quelques jolies maisons à pans de bois avec encorbellements du moyen-âge. Les ruelles pavées ajoutent au charme du lieu. Vestiges d'un duché indépendant, les anciennes chapelles rappellent le temps des messes en breton, les petites fenêtres des maisons, aux rideaux brodés, celui des dentelières d'antan. Les linteaux sculptés des échoppes projettent dans nos esprits en éveil des images artisanales.  Sous la porte aux vins, on imagine encore très bien les sabots des chevaux résonner sur les pavés, véhiculant les marchands arrivant du port. A l'entrée de la ville close, la maison du Patrimoine a donné une nouvelle vie à l'ancienne tour du gouverneur, anexée de la maison du même nom et du logis du major. La criée est toujours d'actualité avec non loin de 10 000 tonnes de poissons aujourd'hui beaucoup plus variés (qu'il soit bleu ou blanc) sans oublier les crustacés. La conserverie est la dernière d'une longue tradition de 32 usines qui ont su transmettre jusqu'à aujourd'hui leur savoir-faire ancestral depuis l'étêtage jusqu'à la mise en boite du poisson frais. 

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Rue Vanban, à quelques encablures de la plage de la "ville dorée", se trouve le musée de la pêche qui retrace l'histoire de Concarneau et les techniques de pêche au fil des siècles. Outre de magnifiques maquettes ou épaves de bateaux, un diaporama invite à découvrir l'évolution de la ville et de son port depuis le XIXe siècle. Côté port, au pied de la ville close, l'Hémérica, ancien chalutier des 70th donne une idée de la vie à bord des marins pendant leur campagne de pêche. L'office de tourisme permet des visites de la criée et des anciennes installations portuaires avant l'arrivée de l'informatique. Un bateau-bus effectue pour moins de deux euros la traversée depuis l'entrée du port jusqu'à la ville close.  

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Que voir d'autre à Concarneau ? 

* Le port : de pêche et de plaisance à cheval sur le temps : il entoure la ville close mais s'élance vers l'avenir avec son équipement de pointe : Système informatisé d'achat à distance, halles à Marie (criée), chambre froide, machines à lever dans les radoubs, silo à glace pour les chalutiers-congélateurs, et bien-sur du poisson à gogo et plein de bateaux !!! 

* Les plages (de Cornouailles, des sables blancs etc.) 

Le château de Kériolet :

Bien "planté" sur les hauteurs de la ville, à cinq minutes de la Ville close, le château de Kériolet est un ancien manoir rénové par l'architecte Joseph Bigot au XIXe siècle pour y loger la princesse Zénaïde Narischkine, tante du Tsar Nicolas II. L'histoire nous apprend qu'elle finança pour son mari, le comte Charles de Chauveau, la construction de ce superbe bâtiment néo-gothique qu'habitèrent par la suite plusieurs de leurs déscendants. 

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* La chapelle de la Croix :

Sur son quai du même nom, la chapelle de la Croix dâtant du XVIe siècle et construite face à la mer est dédiée à Notre-Dame-de-Bon-Secours. C’est là que les femmes des marins venaient se recueillir quand leurs maris sont en mer. À l’extérieur, une stèle en forme de menhir évoque la mémoire de ceux que la vierge des mers n'a pas pu sauver... Le lieu est touchant et son clocher vaut le coup d'oeil. Sur le même quai, le marinarium, en lien direct avec le Musée national d'Histoire naturelle de Paris, propose un parcours jalonné d’aquariums et d’un bassin tactile pour les enfants. Des expositions temporaires ou permanentes et des films accompagnent cette belle visite.   

D'autres églises et chapelles : Eglise de Saint-Guénolé : de style moderne, son clocher original et sa fresque sont à voir, chapelle de l'hôpital 

* Les halles : marché fermiers et produits locaux, entre-autres. 

* Des centres de Thalasso/balnéothérapie : centre Oxigène , Thalasso Concarneau 

* Promenades en mer : Faune Océan pour voir les oiseaux marins ou les dauphins etc... avec un guide ou Santa Maria Pêche: embarquez pour un circuit de pêche en mer 

* Le Celtic train : pour une ballade détente en petit train le long de la côte avec commentaires et historique (ne passe pas dans la ville close) 

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* Une jolie promenade à pied : 

Depuis la ville close jusqu'au bois du Porzou par le GR:

Sortir de la ville close par la porte des larrons : c'est par cette porte que les voleurs étaient évacués et jetés en prison à Lanriec. Prendre le Vachic : (passeur électrique vers Lanriel en 3 mns. Saluez au passage la statue de Duquesne, un corsaire amoureux de Concarneau ayant vécu au manoir du Moros dont il devint le seigneur. Vous êtres sur la place Duquesne, où était autrefois le siège des chantiers navals. Passez devant la CEFCM (école de matelots et capitaines pour la navigation de plaisance, et assistez aux activités maritimes aux heures des marées. Le "feu de Lanriec » guide les marins de nuit à l'arrivée au port. Arrivés à la Pointe du Cabellou, prenez une pose devant la marina où voisine des yacht, chalutiers et barques de pêche. Poussez jusqu'au bois de Porzou pour une délicieuse sensation mer et campagne sur le GR et admirer les magnifiques couleurs automnales à l'heure du coucher de soleil, quand le ciel de feu du chenal de Concarneau rougit les flots tel des Breizh (braises) marines...

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Un héros Concarnois : 

Alfonse Douot est né le 05/09 , 12 ans mousse  à l'âge de 12 ans, il embarque sur un sardinier dont il deviendra capitaine à l'âge de 24 ans. Sensible à la pauvreté survenue à Concarneau en 1900 quand la sardine disparaissait, il crée en 1905 la 1ere coopérative de pêche, qui est aujourd'hui le musée de la pêche. Président du syndicat des pêcheurs, il organise une fête de bienfaisance pour les ouvriers boîtiers. Fort de son influence auprès du député en cours, il fait en sorte que l'état prenne en charge le monopole de la rogue. A 30 ans, il réussit à s'imposer au sein des marins dont il défend les intérêts. A 40 ans il est envoyé aux Dardanelles. Il sera accompagné toute sa vie dans toutes ses actions par ses fidèles compagnons et cela quelque soient les conditions de temps ou de vie de chacun.

Et des personnalités: 

* Guillaume Le Prestre de Lézonnet : évèque de Cornouailles au XVIIe siècle

* Jean Le Merdy : peintre du début du XXe siècle, peint la mer et ses rochers en mode abstrait 

* Vanessa Le Reste : réalisatrice de films et scripte

* Thierry Leroux : footballer 

* Michel Desjoyaux: navigateur en solitaire surnommé "le professeur", 25 victoires à son actif dont le " Solitaire du Figaro" et le "Vendée globes". Il fonde en 1999 une écurie de course au large en mer agitée.

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* De beaux souvenirs : 

La taverne des Korrigans est l'une des maisons les plus anciennes de Concarneau construite en 1695. Ex maison de pêcheurs elle devient un poste de douane vers 1850, puis un débit de boissons en 1985 pour les marins de passage face à la ville close. Les fresques peuplées de lutins et d'elfes de Robert le Baccon, et les meubles bretons anciens encadrent des générations d'histoires en mer, vécues... ou pas. 

Où dormir à Concarneau : 

* Hôtel des halles : Jolie vue sur la ville close toute proche et sur le port, buffet petit déjeuner avec produits locaux, assenseur pour personne à mobilité réduite

* Hôtel-restaurant de l'océan : Reconnue comme "Meilleure localisation hôtelière de Concarneau", pour profiter des couchers de soleil et des vagues. Cuisine variée et appréciée. 

* L'Orée de l'Océan : à quelques kms au nord de la ville. Gîte et table d'hôte dans une chaumière bretonne, bon accueil et joli jardin

* Hôtel Ker-Moor*** : passez la nuit dans un authentique batiment breton construit en mode bateau, et à partir d'épaves de Cargots. Restaurant de poissons et fruits de mer

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