Pont-Aven
Une ville de charme en son écrin de nature :
Si je vous dis " Pont-Aven", et que vous n'y êtes jamais venu, il y a des chances pour que vous me répondiez " galettes"! je suis sure que vous avez tous vu le film " les galettes de Pont-Aven" ... quand aux petits veinards qui ont la chance de s'y rendre, ils se souviendront des moulins, des rochers et des ponts, des rivières et des fleurs, et aussi du port de plaisance et de ses ses bateaux en bois. Mais pour tous, c'est aussi la cité des peintres. Pont-Aven, c'est tout cela à la fois et c'est sans doute ce qui en fait la ville la plus charmante de Bretagne.
En 1800, La petite ville de 1000 habitants a déjà tout pour plaire: des auberges conviviales avec la forêt en toile de fond et des gens accueillants malgré une très grande pauvreté. Huit moulins à eaux et autant de petits ruisseaux circulent entre les maisons, des vergers et des jardins fleuris délicatement parfumés carressent les papilles de ceux qui s'y attardent. Dans les ria, estuaire qui rejoint la mer, comme dans le lit de l'Aven, les mulettes perlières se cachent dans le sable, un peu trahies par leur brillante couleur nacrée. La pêche à pied, complice des habitants, offre quelquefois des trésors insoupçonnés... c'est ainsi en Bretagne pour qui n'a pas peur de se mouiller les pieds... « les perles sont mures quand les genets fleurissent et quand l'avoine mûrit " disait-on. Accrochées aux rochers, véhiculées par les chutes d'eau, ou déviées par quelques plantes aquatiques, la moule perlière trouvait là matière à se construire. Les amoureux du dimanche s'offraient en plus des perles, une promenade romantique au bois d'amour.
Un siècle plus tard, la population vit essentiellement de l'artisanat, du travail de la mer et de la terre. On parle breton dans les chaumières. Près du port, on se livre aussi à la prostitution pour combler le manque d'argent et l'eau-de-vie d'importation coule à flots. En effet, le port exporte beaucoup plus qu'il n'importe : céréales, pommes de terres, ou engrais marin. Il faut alors construire un quai pour faire entrer des navires de tonnage supérieur. Les voiliers à vapeur pourront désormais emmener la marchandise jusqu'à Quimper, Nantes, Bordeaux, et même vers les îles Anglo-Normandes. Sur les rives de l'Aven chantent les lavandières et les eaux tourmentées font tourner la roue des moulins... Le port est aujourd'hui un port de plaisance entouré de collines boisées s'ouvrant vers la mer. Le climat tempéré favorable à une vie en plein air attire les artistes qui installent leur chevalet sur la grève.
Immortalisé la beauté: L'école de Pont-Aven :
1886 marque le début de la période artistique à Pont-Aven. Alors que la vie s'écoule paisiblement dans la petite ville, arrive un personnage qui va changer le cours des événements: Alors âgé de 38 ans, Paul Gauguin, artiste peintre impressionniste, élève de Camille Pissarro est en mal d'identité culturelle et artistique. Il recherche une nouvelle forme d'expression, ayant déjà une prédilection pour les « paradis perdus », peut-être héritée de son odyssée polynésienne. C'est aussi en Bretagne qu'il va la révéler.
L'élégance du costume local ne passe pas inaperçu et le regard approbateur de l'artiste n'échappe pas non plus aux femmes qui se prêtent volontiers à poser pour lui. Si les chaussures sont déjà de rigueur, on n'hésite pas à remettre ses sabots. Les hommes revenant de la pêche en béret, vareuse, et tricot rayé marin se prêtent aussi au jeu. Voilà un joli moyen d'immortaliser la culture bretonne! Dans le monde artistique, la Bretagne serait à la mode, dit-on. Les peintres apprécient son architecture, les détails précis de ses maisons et de ses chapelles, la chaleur humaine de ses fêtes et la ferveur des pardons, et en plus, on parle breton. C'est plus qu'il n'en faut à Paul Gauguin pour "oser" mettre la femme en avant! avec ou sans famille, avec ou sans décors... et même avec ou sans l'autorisation du mari... Au fil des années, la Bretagne et son art gagnent en popularité. Le chemin de fer à Quimperlé amène des touristes... mais pas que... ils y aussi des Américains et des peintres que l'expérience de Paul Gauguin attire...et parmi eux, des peintres américains qui, au passage font vivre les débits de boissons tandis que les greniers deviennent des ateliers. C'est un cercle efficacement vicieux : la culture, l'art, le tourisme! c'est une solution qui fonctionne et redonne du baume au coeur des habitants de Pont-Aven, qui peut à peu sortent de la misère. On mets même les "bouchées doubles" lors des fêtes avec des bals et des feux d'artifices.
Tandis que le choix des touristes et artistes français se porte sur l'hôtel du lion d'or, que les moins fortunés comme Paul Gauguin dorment à la pension de Marie-Jeanne Gloanec, les américains préfèrent "l'hôtel Julia": l'établissement de Julia Guillou que l'on surnommera " la mère des artistes". Parmi tout ce petit monde riche de créativité se trouvent aussi des paysagistes. Le bois d'amour, les calvaires, les monuments, les gens, il y a de quoi faire en Bretagne! et certains artistes n'hésitent pas, s'ils le jugent nécessaire, à idéaliser la beauté du monde paysan dont ils montrent le travail, l'artisanat, mais aussi la misère. L'idée est de mettre en valeur le côté authentique de ce "pays" dont ils sont tous tombés amoureux, et bien sûr, toujours sur fond de paysages. De son " petit trou pas cher" comme Paul Gauguin se plaisait à l'appeler, celui-ci réalisera 18 toiles en 3 mois avant de quitter la Bretagne pour la Martinique. C'est à ce moment que débarque un nouveau personnage: Emile Bernard.A la fois peintre post-impréssionniste, graveur et écrivain, Emile Bernard est passionné par la recherche esthétique. Le retour de Paul Gauguin en Bretagne, deux ans plus tard, favorise une rencontre riche d'échanges et de dialogues entre les deux artistes. La personnalité du jeune homme impressionne Paul Gaugin. Enrichi de cette influence bénéfique, son style s'affirme et sa réflexion s'approfondit. Une dizaine de jeunes peintres, attirés par sa personnalité anti-conformiste mettent alors le cap sur Pont-Aven dans le but de bénéficier de son talent et prendre des cours dans son atelier chez le capitaine du port. Ce petit groupe ainsi formé va donner naissance à l'école des peintres de Pont-Aven. Ce "paradis des arts" adoptera la devise chère à Paul Gauguin : " le droit de tout oser"... qui ne signifie pas non plus recueillir l'approbation de tous... ainsi, la " belle Angèle " ou " la vision après le sermon" sont derechef rejetées par les familles concernées... et encore plus par la prêtrise... Il est peut-être temps de rectifier le tir, monsieur Gauguin!... Pendant la prochaine décennie, Paul Gauguin effectue plusieurs aller-retour entre la France et la Bretagne. Chassé-croisé avec Paul Sérusier.
A sa mort en 1903, on récupère ses œuvres laissées à Pont-Aven. Mais déjà la graine est plantée. Celle d'un mythe folklorique. Théodore Botrel, célèbre écrivain breton s'installe à Pont-Aven pour diffuser dans ses livres l'image du folklore breton. D'ailleurs, il n'hésite pas à porter lui-même le costume local. Le mouvement ainsi créé par la peinture et la littérature combinées amène encore plus d'artistes, mais aussi de touristes. La réputation de Pont-Aven est faite, c'est la "cité des peintres... ou des artistes en général" Des grands noms en mal de popularité comme Maurice Assselin, Armand de Seguin, Fernand Dauchot, ou Pierre Eugène Clairin tous à l'affut de sujets originaux trouvent l'inspiration à Pont-Aven au sein de son horizon artistique originel. En 1904, Julia Guillou, aménage un fort désaffecté à Port-Manech pour les accueillir au "Baradoz an Arzoù" (paradis des arts). Elle fait aussi installer une navette qui relie Pont-Aven à Port-Manech (au sud de Pont-Aven). De son côté, Vincent Van-Gogh a suivit l'histoire de très près.. et de très loin. Au cours de ses voyages, il n'hésitait pas à recommander l'école de Pont-Aven aux jeunes peintres qu'il rencontrait... peut-être aussi parce que son état de pauvreté ainsi que sa santé déclinante l'empêchait de prendre lui-même part à l'aventure.
Paul Gauguin a su transmettre à l'école de Pont-Aven le sens des valeurs primitives authentiques et les formes simples. Des oeuvres où les couleurs ne sont pas forcément celles du paysage mais plutôt celles du ressenti de l'artiste. Il introduit entre autres la méthode du cloisonnisme : formes cernées par un trait foncé, ou encore celle du synthétisme : qui consiste à fait disparaitre la profondeur pour se concentrer sur l'essentiel. Enfin, il a su faire ressortir l'individualité de chaque artiste au sein d'un groupe partageant un même idéal. Pour la Bretagne solidement ancrée dans ses valeurs, c'est un renouveau dans l'histoire picturale qui commence à rejetter les conventions et qui marque le début de l'art moderne. A sa mort, aux îles Marquises, un tableau inachevé... le village breton... Etait-ce Pont-Aven ? un signe que son âme deviendrait à tout jamais bretonne...?
Les années 2000 donne une nouvelle vie à l'école de Pont-Aven sous la forme d'un musée. Officiellement ouvert en 1985, il est riche de plus de 4500 oeuvres.
Quant à la ville, elle garde son statut de "cité des peintres"...agrémentée de bonnes galettes locales. Les collections des artistes y trouvent bien sûr leur place lors d'expositions temporaires ou permanentes. Une nouveauté toutefois, des expos photos. Le musée reste fidèle à la tradition et encourage la découverte de nouveaux talents.
Que voir, que faire à Pont-Aven :
Pont-aven est une petite ville, presque un village de 2800 habitants. Le positif dans tout ca, c'est que vous aurez tout le temps de flâner à votre aise. Le mieux est de laisser votre voiture au parking pour partir à pied, à la découverte de cette endroit incroyable donc chaque site ressemble à une oeuvre d'art vivante, un temple de la beauté à ciel ouvert où dame nature à posé pour les peintres, mais aussi pour vous. Ici, chaque centimètre attire le regard : longez les ruisseaux, laissez vous envoûter par les ponts fleuris, par le ruissellement de l'eau sur les pierres, et revivez le temps des moulins à eau... pour satisfaire votre imaginaire, la roue de bois tournera pour vous le long de l'estuaire de l'Aven jusqu'au port. Vous trouverez aussi des œuvres d'arts dans les chapelles, comme le " christ jaune" de Paul Gauguin dans la chapelle de Trémalo au coeur du bois d'amour. Et surtout!!! décompresser! Vous avez là tous les ingrédients pour un parfait lâché prise, surtout dans la période de juin à septembre.
* le musée de Pont-Aven : vous raconte l'histoire de la ville et des premiers peintres conquis par ce lieu "béni des dieux". Il contient une collection de 200 tableaux de maîtres et plus de 4000 oeuvres diverses.
* La galerie de peinture Rosmadec et plusieurs autres dans la ville (Izart, Guenaizia, Correlleau etc...) sont un condensé d'artistes connus et d'autres qui restent à découvrir. Découvrez le Pont-Aven de la belle époque, vous apprendrez sans doute quelques bonnes vieilles techniques picturales et qui sait... peut-être q'une vocation sommeille déjà en vous!
* Ne partez pas sans vous promener dans le bois d'amour que traverse le GR, avec sa jolie chapelle de Trémalo
* le port de plaisance contient entre autres quelques beaux bateaux en bois.
* les églises : Celle de Saint-Amet de Nizon du XVIe siècle contient de splendides statues et une sensation d'intimité se dégage de son atmosphère de marbre rosé. Quant à celle de Saint-Joseph, ce sont plutôt ses vitraux qui attirent le regard.
* Les biscuiteries : Traou mad, Courtin, Penven, et d'autres encore au centre ville, donnent le ton au ruelles pâvées pour vous emporter loin dans le temps avec délice et dégustation ...
* Et pourquoi pas une balade en canoé/kayak sur la ria (estuaire de l'Aven), ou à pied sur les chemins de randonnées, pour immiter les anciens avec la promenade du dimanche.
Où manger à Pont-Aven :
* Les trois buis : produits frais et de saison, recettes créatives de viandes, poissons et crêpes.
* Hôtel-restaurant : Aux mimosas : Plats de viandes, poissons, fruits de mer ... et le plateau qui va avec! et pour le plaisir des yeux, un superbe acquarium.
* Les ajoncs d'or : Et oui il s'agit bien de cet établissement qui accueillit Paul Gauguin au début du siècle dernier, c'est dire si c'est endroit à une valeur historique. Vous y apprécierez la bonne cuisine du terroir terre/mer.
* Le moulin de Rosmadec : " Poutres apparentes, dallage de pierres, tentures reprenant les motifs des peintres de l'Ecole de Pont-Aven, tout en gardant l'authenticité de la maison en pierre et de la terrasse au charme d’antan, au bord de la rivière" (appréciation Le Petit futé). Quoi d'autre? et bien la bonne cuisine des grand-mères... un peu revisitée...et des homards imprudents...
Comme toujours, vous trouverez un certain nombre de crêperies, dont certaines accordent une seconde vie à d'anciens moulins.
A l'extérieur du village :
* La taupinière : (route de Concarneau) dans une jolie chaumière verte, le chef, un passionné vous propose de délicieux plats de poissons et fruits de mer où la langoustine dévoilera toute sa saveur...
Où dormir à Pont-Aven :
* La chaumière Roz-Aven : dans une chaumière sur les rives de l'Aven. L'accueil est aussi charmant que l'hôtel
* Hôtel du port et de l'Aven: demi-pension possible, à proximité du port de plaisance. Un sentier mène à une petite crique.
* Les chambres de l'atelier : Formule Bed and breakfast, dans une maison en granit aux volets bleus, au bord de l'Aven et proche du port.
* le manoir de Kerangosquer : gîtes et chambres d'hôtes dans un petit château avec jardin de 30 hectares. Idéal aussi pour une fête de mariage ou autre.
+ Les "ajoncs d'or" et " les mimosas" déjà cités.
Autour de Pont-Aven, vous trouverez d'autres établissements de la catégorie manoirs et chambres d'hôtes.
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