Carnac : passeurs d'éternité
Quand les pierres chantent...
Une légende bretonne raconte que dans les temps anciens, en Finistère, un vieil homme nommé Jean avait le don de comprendre les paroles qui sortaient des galets les jours de grands vents. Ce jour-là, le vent sifflait dans les sept cents trous d'un mur de pierre et de galets contre lequel il s'était adossé pour se reposer de son travail. Quand soudain, de petits galets libres commencèrent à taper des coups pressés, suivis par d'autres, plus lourds, qui se décalaient sourdement dans les rafales. Ceux de la crête, larges et plats, frottaient les uns sur les autres avant de glisser dans l'herbe. Un coquillage, pris dans les pierres, chantait clair et aigu comme un enfant de choeur. Tout le mur se mit à bruire comme pris dans un tourbillon, au bord de la falaise. Peu à peu, les bruits se transformaient en des mots que, sans savoir comment, Jean parvenait à comprendre. Chaque jour, les pêcheurs s'étonnaient de voir Jean se blottir pendant des heures contre les pierres du mur sans bouger. D'autres fois, il courait d'un mur à l'autre avec des cris, des bonds, des rires éclatants. Mais, le plus souvent, il avait le front soucieux. De ses mains tremblantes, il tâtait les galets, y collait son oreille, essayait de les faire bouger. Il leur parlait à voix basse quand il était seul avec eux. On le vit démolir des pans de murs et les remonter avec soin. Pendant les nuits d'hiver, il quittait son lit pour courir la falaise. Il n'avait de repos que lorsque le vent était tombé. On l'appela Jean des pierres.
Dans les années qui suivirent, Jean refit tous les murs qui longeaient le sentier. Aucun galet, maintenant, ne glissait plus de la crête, rien ne branlait dans les rangées où tout avait sa juste place. Quand se levait le vent de la mer, on entendait chanter le mur d'une seule voix sans faille, encore mieux que les hommes à la grand messe. Intrigués, les hommes du village interrogeaient Jean sur ces mystères, mais ils n'étaient jamais capable de répéter ses paroles une fois rentrés au village. Ils savaient juste que les pierres avaient révélé des secrets à Jean, des choses parfois si terribles que Jean en perdait le sommeil. Lorsqu'un paysan voulait construire un mur, il venait voir Jean qui lui disait par exemple : "attendons jusqu'à lundi, le vent y sera plus fort. Le vent fait chanter les galets et le chant des galets enseigne la manière de bâtir un mur." Et effectivement le lundi, le vent soufflait ; Jean des Pierres traçait alors le sillon du mur avec un croc à goémon. Il sifflait dans les galets que les hommes plaçaient les uns sur les autres, avec les gestes attentifs d'une mère qui dépose un nouveau-né au berceau.
- Attendez donc ! Doucement ! Ce galet n'est pas à sa place. Il faut l'enlever tout de suite. Je l'entends se plaindre sous le vent. Il a mal, oui, il a mal. Et quand un galet ne se trouve pas bien dans un mur, le mur ne se trouve pas bien debout. Enlevez‑le, je vous prie !... Entendez-vous maintenant comme il ronronne joliment ! Mais il me semble qu'on gémit encore, de ce côté.... Ecoutez comme il respire bien maintenant ! Alors les voix des pierres changeaient avec le vent. Elles chantaient désormais de plaisir.... Encore aujourd'hui, les murs de pierres et de galets bordent les sentiers et les falaises, mais si vous prêtez vraiment l'oreille, peut-être entendrez-vous les pierres pleurer la mort de Jean qui avait su les comprendre... "
La légende de Carnac :
On dit en Bretagne, que les pierres parlent à qui sait les écouter. Les anciens pensaient qu'elles pouvaient chanter, pleurer, ou même saigner ; qu'elles gardaient précieusement en elles bien des secrets, et abritaient même des personnages comme les fées ou les Korrigans. Dans le Morbihan, Carnac, du breton Karnag ou Karn " tumulus, cairn" ou encore Canec ou Kerrec " lieu de rochers" est le berceau de bien des légendes...qui trouvent toujours, en Bretagne, leur part de vérité : selon l'histoire, l’empereur romain aurait ordonné l’arrêt et la mise à mort du pape Saint Cornély. Par vengeance, celui-ci aurait invoqué le divin pour transformer les armées romaines en pierres ...toutes aussi alignées que leurs colonnes de soldats". Il faut bien l'avouer, cette pratique était souvent légion dans la mythologie bretonne... l'histoire précise que les alignements de pierres se déplaçaient dans les cours d’eau pour s’abreuver à minuit la nuit de Noël. Et gare à qui croisaient leur chemin... car au fil du temps, les pierres cachaient des trésors... à moins que la colère de César n'ait jamais été apaisée? Chacun appréciera à sa guise... Au final st Cornély est devenu le saint patron de Carnac!
Des pierres, des pierres des pierres!
L'histoire nous apprend que d'anciennes tribus d'Anatolie en Turquie (Vous me direz, quel rapport... mais vous allez comprendre!...) construisaient dans la montagne des villages troglodytes. Avec la pierre, ils fabriquaient aussi des armes, des bijoux ou objets utiles qu'ils utilisaient au quotidien. Ces hommes étaient des nomades et voyageaient à travers le continent quand certains d'entre eux trouvèrent judicieux de s'installer dans sur les terres celtiques, là où la pierre faisait naturellement partie du paysage. " Le sol était pierreux, de gros rochers en émergeaient, certains à demi enfouis, d'autres presque à fleur de terre, les matériaux étaient abondants et à leur portée..." C'est alors que, armés de leurs croyances et de leur savoir faire, ils créent, dans le but d'enterrer les morts, des alignements de pierres hautes (ou dressées), qui se trouvent être nos actuels menhirs. Ils construisent aussi des tables de pierre (les dolmens) destinées à abriter les rituels religieux et qui constituent un point stratégique pour observer le ciel, les planètes et les étoiles. Enfin, c'est sur ces tables qu'afin d'honorer leurs dieux, ils offrent des sacrifices d'animaux. Des cercles de pierres (cromlech) permettent à la communauté de se réunir. C'est ainsi que fut créé le célèbre cromlech de Stonehengue et bien d'autres sur les terres d'Ecosse, d'Irlande et en Scandinavie.
Bientôt, les tribus primitives de Bretagne vont suivre cet exemple et des stèles idolâtrices s'élèvent vers le ciel. Mais le nombre de mort augmentant inévitablement avec le temps, des chambres funéraires pour y accueillir les familles (tumulus) s'avèrent nécéssaire qui seront recouvertes d'un tas de pierre.
" Ils étaient des centaines et avaient longuement parlé de la meilleure façon d'honorer les morts de leur village tombés sous la vindicte des tribus ennemies.
- Nous allons les aider à passer paisiblement dans l'autre monde (le monde des morts...), et perpétuer leur souvenir à tout jamais. Nous savons élever des pierres, nos ancêtres en ont dressé un peu partout sur les terres voisines en mémoire des défunts de leurs familles. Nous pouvons , nous aussi, laisser une trace de leur passage aux générations qui se succèderont après nous. Comme ont fait les ancêtres qui ont construit des cercles de pierres gigantesques pour y célébrer leur culte, nous allons, sur notre propre terre, figurer une armée de morts en marche vers l'au-delà, et ils seront ainsi toujours présents, debout sous le ciel, le soleil, la lune et les étoiles. Nous allons dresser ces pierres et les placer les unes derrières les autres, les unes à côté des autres, en longues files, tournées à la fois vers la mer et vers l'intérieur des terres. Elles véhiculeront nos morts dans leur voyage silencieux et éternel. Ils marcheront vers l'infini, protégés par cette force minérale. Sous chacune des pierres, nous mettrons leurs cendres et leurs os, l'endroit sera ainsi sacré à jamais et investi de leur esprit". (Le chaman de Carnac - Colette Geslin)
Qui étaient nos ancêtres... il y a 5000 ans...
A l'époque néolithique, quand l'homme et la pierre ne faisaient qu'un, la faculté de tailler et de travailler les minéraux n'était que l'un de leurs multiples talents. Lorsque le soleil frappait les pierres, les hommes savaient alors quelles étaient les périodes importantes pour faire prospérer l’agriculture. Ils obéissaient aussi à des phases lunaires bien précises et avaient le don naturel de savoir calculer la position des astres en observant les étoiles. En bons astronomes qui s'ignoraient encore, ils savaient étudier le ciel et établir des sortes de calendriers adaptés aux cultures. Au fil du temps, avec l'arrivée de la sédentarisation, de la mécanisation, et enfin la technologie, ils perdirent peu à peu ce pouvoir. Ils avaient aussi leur propre interprétation de la vie et de la mort et comprenaient que l'existence était faite de cycles qui revenaient de façon régulière. Les croyances locales faisaient le reste, qu'ils justifiaient par des rituels religieux.
Quand le ciel devient un guide : Ainsi, en observant le ciel, les anciens remarquent que le soleil et les planètes forment une ligne fixe que l'on appellerait de nos jours l'écliptique. D'autre part, la voix lactée forme une autre ligne convergente avec l'écliptique, les deux réunis donnant une sorte d'entonnoir ou plus simplement un triangle qui n'aurait que deux côtés. Pourquoi je vous raconte tout cela? parce que selon des personnes hautement qualifiées, cet angle aurait également influencé l'ordre et la position des menhirs. Il semble que dame nature aurait montrer la technique à suivre tout en réveillant des mythes déjà existants, car pour les anciens, les étoiles représentent l'âme des morts, mais aussi l'éternité de la vie (au sens large). Les hommes ont alors ressenti que quelque chose de fort devait s'accomplir qui les reliait à la pierre ! D'ailleurs, dans la mythologie bretonne, et celtique en général, le triangle du triskell ne signifie-t'il pas relier le ciel, l'eau et la terre?
Les anciens auraient donc aussi construit les alignements de menhirs sur le modèle de l'écliptique par rapport à la voie lacté, (d'où l'effet entonnoir), en tenant compte du calendrier en cours (solstices et équinoxes); à la façon d'un observatoire astronomique de plusieurs kilomètres...mais en pierres. Il fallait y penser, convenez-en ! Et la théorie de l' entonnoir va se vérifier! car par un curieux effet d'optique, ces alignements ressemblent bien à une ligne droite, mais si, arrivés au bout, et que vous vous retournez pour apprécier le chemin parcouru... oh! surprise, vous aurez l'impression de voir les deux côté d'un triangle... comme un entonnoir... cette théorie fut constatée par d'éminents astrophysiciens. Précisons que ces pierres dressées ont longtemps servi de repères visuels aux marins en l'absence de phare. Cette information est importante car il ne faut pas oublier que le niveau de la mer qui s'est élevé d'environ 6m en l'espace de 5000 ans a depuis, recouvert bon nombre de pierres qui constitueraient aujourd'hui un écueil dangereux pour les bateaux. ... Ingénieux, les anciens, ne trouvez-vous pas?
D'autres interprétations... plus farfelues!
Si certaines personnes prétendaient que suite à l'histoire de Saint-Cornély, (voir plus haut "la légende de Carnac), les pierres devaient sûrement être les supports des tentes des armées romaines, après tout, Saint-Cornély n'était-il pas devenu le saint-patron de Carnac... d'autres, plus avisées sans doute, ont remanié la genèse, surs que les pierres devaient avoir été transportées jusqu'ici par le déluge après avoir invoqué les dieux... et les plus rêveurs préféraient penser que c'était inévitablement l'oeuvre des fées ou des korigans farceurs qui venaient semer des "tas de cailloux" dans les champs histoire de gêner l'agriculture en cours... Enfin, les plus pieux invoquaient le miracle divin...si ce n'était la colère divine. La "palme d'or" pourrait revenir aux extra-terrestres... Voilà, maintenant, vous avez le choix ! haha!
Reconnaitre les pierres :
* Un mégalithe est une grande pierre, bloc massif isolé ou en groupes parallèles qui peuvent s'étaler sur des kms. De nombreux mégalithes sont sculptés ou gravés de signes, symboles, et dessins représentant des scènes du quotidien, des animaux, la vie en mer, ou encore les astres.
* Le menhir signifie en breton pierre longue, ou dressée, et peut atteindre 20 m. ; le grand menhir brisé de Locmariaquer mesurait 9,50 m. Ce mégalithe, qui mesurait 18m à l'époque des anciens, s'est brisé au bout de quelques siècles. Il n'en est pas moins la plus grande pierre levée de la préhistoire. Orné de gravures animales et de scènes de la vie en mer, il présente aussi des scènes de vie locales sur terre comme les fêtes. Témoins d'un passé de chasseurs, cueilleurs, pêcheurs, et plus tard fermiers et éleveurs, les anciens n'avaient pas besoin d'internet pour laisser des traces de leur passage! Les archéologues peuvent aussi affirmer qu'une sorte de peinture néolithique à base de teintures végétales existait déjà. Il semble d'ailleurs que la couleur rouge exprimait le sang (évoquant ici les animaux sacrifiés) et que cela était vu comme un symbole de naissance comme de mort. De même, le dessin d'une femme au ventre épais était symbole de fertilité, ce qui, en poussant plus loin l'analyse, témoignait d'une certaine idée d'égalité entre la femme et l'homme.
le menhir du Chandoland mesurant 9 m 50 reste attaché à sa légende : D'après les anciennes croyances, il serait tombé du ciel pour séparer deux armées qui se livraient bataille. Quand au menhir de la tremblay (8m) qui pèse un bon 160 tonnes... il s'incline de plus en plus au fil du temps, Obélix! au secours !!! Selon la mythologie, il fait partie des trois pierres qui barraient l'entrée des enfers. Et comme tout semble fonctionner par trois... nos anciens auraient-îls inventé la règle de trois??? il y a 3 alignements à Carnac : Ménec, Kermario et Kerlescan.
*Le Dolmen : en breton taol men (table de pierre) peut être recouvert d'un cairn. Ces monuments à chambre funéraire ont généralement laissé aux archéologues bien des trésors: poteries, outils en pierres taillées, haches polies…Etc
* Le tumulus : (signifie être gonflé.) est une accumulation de pierres et de terre formant une butte artificielle qui recouvre une ou plusieurs sépultures. Il peut être dominé par un cairn (recouvert de pierre). Le Tumulus Saint-Michel à Carnac mesure 12 m de haut, 125 m de long et 60 m de large et a été édifié vers 4500 avant J-C. Celui de Saint-Julien porte à son sommet une chapelle et une table d’orientation offrant une vue panoramique sur la baie de Quiberon.
* Le Cairn : « carn » est un tas de pierres et de terre recouvrant des sépultures ou signalant un endroit sacré comme un tumulus. Le Cairn de Kercado à Carnac est long de 30 m et sa hauteur est de 5m. Il est surmonté d’un petit menhir. Mais le plus grand, et d'une renommée internationale, est celui de Gavrinis : 23 tonnes de pierres transportées dans des embarcations aux planches cousues et ligaturées. La chambre funéraire est ornée de gravures animales qui montrent le lien étroit entre l'homme et l'animal. D'ailleurs, certaines légendes anciennes nous laissent supposer que la représentation animale (comme le cachalot) serait perçue à la fois comme un animal dangereux, mais aussi comme un dieu protecteur. Au final, les illustrations étaient-elles inspirées par la crainte ou par une certaine admiration ?
Les chercheurs ont découvert que la dalle de Gavrinis et la table des marchands s'emboîtent et s'alignent avec le grand menhir de Lochmariaker. Encore un prodige des anciens ! Si l'on reconstituait le tout, nous aurions une stèle en forme de menhir dont les parties cassées seraient ainsi réemployées. Tout cela prouve l'importance que l'on accorde à ces pierres en Bretagne.
* Le cromlech : en vieux gallois : crom (courbé) et llech (pierre plate). Alignement de quelques pierres dressées utilisé comme une palissade de pierre pour délimiter un terrain. Il y en aurait 71 en Bretagne.
* Le cercle de pierres : menhirs disposés en cercle, mais pouvaient aussi être rectangulaire ou ovale. Ils réunissaient la population religieuse sous la direction du druide qui invoquait pour eux, les dieux.
Mais alors comment les ont-ils transportés et plantées? si à l'époque la roue n'existait pas encore ? tout simplement...si j'ose dire! sur des embarcations par voir fluviale, ou encore sur des véhicules improvisés en pierre, en os et en bois poussés et tirés par l'homme, puis plus tard, par l'animal. La technique consistait à déplacer le "véhicule" sur des troncs d'arbres aligné sur le sol à la manière des piroguiers du Pacifique. Encore un héritage nomade! Les voyages forment la jeunesse, n'est-ce pas ? mais ici, plutôt nos ainés... Les astrophysiciens précisent également que " Une fois le terrain défriché à coups d'herminettes et de haches de jade ou de pierre, les menhirs furent alignées par ordre de taille, de l'est vers l'ouest, après avoir été triées sur une table de pierre pour être finalement plantées dans la terre. A l'aide une baguette de coudrier, ils suivaient la puissance magnétique du sol. Un travail de titan ! " Et c'est ainsi que s'érigèrent les premiers "cimetières de pierre" sous l'aura protectrice des des divinités et des chamans, et trois siècles plus tard, les cercles de pierre où se réunissaient les communautés religieuses dirigées par les druides.
" c'était une ruche incessante, des bruits d'outils sur la pierre, des cris d'encouragement lorsque les hommes levaient avec des cordes une pierre encore étendue sur le terre-plein, pour la redresser peu à peu. Les aurochs réalisaient le gros du travail en tirant les lourdes masses, sous les ordres de leurs conducteurs. Les enfants couraient tout autour du chantier, apportant de l'eau ou des seaux de bois remplis de petits cailloux pour caler la base des menhirs, les tailleurs dégrossissaient les arêtes vives, arrondissaient, ou sculptaient des motifs qui les orneraient. Le travail se poursuivait ainsi du matin jusqu'au soir. Les impressionnantes files de pierres augmentaient chaque jour un peu plus, peuplant la plaine d'étranges présences immobiles mais que l'on sentait vivantes. Elles dégageaient une aura, un magnétisme issu des veines du sol sur lesquelles elles étaient placées..."
Tous ces vestiges sont donc restés dans les mémoires inconscientes de l'humanité depuis plus de 5 000 ans! Ces Sanctuaires sacrés créés à l'origine pour respecter le culte de leurs morts témoignent aujourd'hui d'une grande coordination humaine... il y a là une belle leçon de vie à en tirer !
Aux jours d'aujourd'hui, plus de 3000 menhirs alignés sont toujours solidement "enracinés" dans le sol pour nous apprendre des choses sur le mode de vie de peuples antiques, qui montraient tous les signes d'une société égalitaire avec tout ce que l'esprit communautaire contient de magie: " C'était une entreprise de longue haleine qui allait souder les différents villages et les familles qui allaient se rassembler, se connaître, festoyer, et chanter le soir sous les étoiles."
En 2021, imaginez-vous poser votre pc sur une table en pierre si l'électricité y était reliée... habitant dans une grotte ou dormant à la belle étoile entouré de tous vos semblables ? Les tribus primitives étaient les passeurs de l'espace-temps, ils ont construit des tombes éternelles. Et si ces pierres dressées et habilement sculptées ont néanmoins conservé une part de mystère, c'est pour mieux donner au site et à ses environs un caractère d'exception et une identité unique. Le Morbihan peut être fier de présenter au monde la plus grande concentration de pierres dressées au monde, reflétant habilement la lumière changeante du jour.
Qu'en est-il aujourd'hui?
Le "gros tas de cailloux" de Gustave Flaubert... Oui, il a osé les qualifier ainsi ! moi je préfère les "cailloux du petit Poucet ancestral breton", ont servit pendant un temps de terrain de jeux pour les enfants mais à qui on recommandait de ne pas se promener le soir pour ne pas croiser les Korrigans... Quant à leurs parents, ils s'improvisaient un terrain de camping dans le lieu le plus authentique qui soit, histoire d'incarner la famille Cromagnon au moins une fois dans leur vie... Les pierres fournissaient aussi une ombre appréciable contre un soleil trop ardent en été.... Cela se passait dans les années 70. Depuis, afin d'éviter ces débordements irrespectueux, des mesures ont été prises, certaines parcelles ayant même été fermées.
Que serait la Bretagne sans les pierres ? ces pierres, souvent détachées de parois rocheuses, falaises, ou de mégalithes brisés ont toujours fait partie du paysage et donnent aux forêts une aura particulière qui défie le temps. Souvent reliées à des valeurs celtiques et gauloises... Astérix ne me contredira pas! elles forgent l'imaginaire et donnent un cachet singulier à l'histoire...et aux histoires alors qu'elles seraient peut-être passées inaperçues ou jugées sans intérêt dans une autre région. En un mot, si on aime la Bretagne, on aime aussi ses pierres, voilà tout! Victor Hugo et beaucoup d'autres l'ont bien compris. En tant que bretonne, j'ai aussi la sensation que toute la force et le magnétisme dont notre magnifique "Bro Breizh" a toujours fait preuve passe par ces pierres, telle une armée atemporelle et protectrice. Imaginez pendant une seconde que ces pierres redeviennent druides, ou soldats? ... Ok ok ! je m'égare! haha! Cela n'empêche pas les fées des légendes ou les korrigans de danser autour...qui sait?
Les principaux sites dans le Morbihan
* Le grand menhir et la table des marchand (à Lochmariaker)
* Le tumulus Saint-Michel (à Carnac)
* Le tumulus du Moustoir (à Carnac)
* le tumulus du Mané er Hroëck (à Locmariaquer)
* le tumulus de Mané Lud (à Locmariaquer)
* Le tumulus de Tumiac : dite la butte de césar à Arzon
* Le cairn de Kercado, tombes à couloir et chambres simples.
* Les alignements de Kermario (à Carnac)
* Les alignements du Manio (à Carnac)
* Les alignements du Ménec vras (à Carnac) et du Ménec vihan (à la trinité sur mer)
* Les alignements du Kerlescan (à Carnac)
* les alignements de Kerzerho (à Erdeven)
* Le petit Kerambel (à Saint-Philibert)
Autres sites moins importants mais à voir quand-même :
* Le tertre de Lannec er Gadouer (à Erdeven)
* Crucuny (à Carnac)
* L'enceinte de Crucuno (à Plouharnel)
* L'hémicycle et le moulin de Kerbougnec (à Saint-Pierre de Quiberon)
* Le vieux moulin (à Plouharnel)
* Kergonan (à l'île aux moines )
et d'autres encore.. où que vous vous trouviez en Bretagne il y a aura des pierres, qui ne sont pas que des "gros cailloux" mais des vestiges historiques et mythologiques qui éveillent l'attention de celui qui passe: des morceaux de Bretagne à jamais dotés d'une âme.
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