La danse bretonne (en cours)
Pour mieux comprendre l'origine de la danse bretonne, il convient de faire un petit retour dans le temps. Fermons les yeux et retrouvons nous dans l'une de ces délicieuses chaumières qui en a fait réver plus d'un... Toute la famille est réunie, et même les bêtes, séparées des humains par une simple cloison, mais qui a leur manière, participent à la vie de la maisonnée, rythmant les gestes du quotidien. Si, lors d'une veillée de légendes anciennes, on se réchauffe avec les flammes réconfortantes d'un bon feu de cheminée au terme de longues journée hivernales, au dehors, la réalité est plus cruelle, parfois. Le seuil de pauvreté ne diminue pas. Nous sommes à la fin du XVIe siècle. La vie paysanne est partout, tentant de survivre avec ce que dame nature veut bien lui offrir. Mais s'il y a bien une chose dont les bretons peuvent être fiers, c'est cet instinct de solidarité qui les a toujours réunis et leur a permi d'aller de l'avant dans les moments difficiles. A une époque où les matériaux comme l'ardoise n'était pas à la portée de tout le monde, un sol rustique en terre battue faisait office pour bon nombre de familles, qu'il convenait de bien tasser, avec les pieds. C'était une tache ardue, qui nécéssitait souvent l'aide du voisinage. Ardue, certes! mais il en faut beaucoup plus pour décourager un breton! aussi, les musiciens du coin étaient de la partie. Ainsi encouragés au rythme du biniou et de la bombarde, les villageois, déjà habituées au dur labeur champêtre, redoublaient de vigueur. Et c'est ainsi que, en 1588, naquit la première chorégraphie de danse bretonne, le tri-hori (tri choari : litt. 3 jeux en breton) qui prendra le nom de gavotte, dansée en trois parties distinctes (le 2d : le bal étant considéré comme un temps de repos entre les deux autres. Introduite au XVIIe siècle par Louis XIV au sein de sa cour, elle prendra alors la forme d'une danse de couple lors des bals royaux et autres manifestations théâtrales.
Néanmoins, le succès de cette danse au sein de l'aristocratie est ressenti comme une barrière, accentuant les différences de niveau de vie avec la population rurale, trop isolée de celle de la ville. Mais, comme chacun sait, le breton a toujours une mesure d'avance (pas dans la danse, heureusement!) et va peu à peu créer ses propres danses et variantes d'un village à l'autre. Ce qui explique aisément la diversité de rythmes et de chorégraphies souvent constatée aujourd'hui dans les cinq départements bretons, au sein une même danse.
Rebondissement en milieu rural:
Ainsi naître L'endro ou Anter-dro, en pays Vannetais, encore appelée la " danse tricot", pourquoi ce nom? me direz-vous, puisque cette danse très basique consiste juste à avancer sur le côté en rythme, et à marquer les appuis sur place... mais il semblerait que celà n'aie pas toujours été le cas. Dans une variante locale, il était d'usage de croiser les jambes lors des appuis, ce qui pourrait rappeler le " point de croix" de broderie; où mieux; le croisement des aiguiller à tricoter du picot breton, technique plus ancienne que la dentelle mais à portée de toutes les bourses.
En côte d'Armor, le Trégor a aussi oeuvré à dynamiser la vie sociale. La danse tréguer voit le jour au XVIIIe siècle pour disparaitre au XXe siècle. Composée de 4 partie : une ronde, suivie d'un cortège de couple rappelant les mariages, d'un passe-pied (mot issu de la technique du menuet consistant à passer le pied à gauche, devant, et à droite), auquels s'est finalement ajouté le Jabadao (figures réalisées par une ronde de 4 couples).
Nichée entre le trégor et le Pays Vannetais, en Cornouaille, le Pays Fanch et son rond de Loudéac (dañs-tro plinn ) , bien rythmée par les voix des chanteurs, serait à l'origine du branle... entendez par là une allusion au branle-bas de combat breton...
Quand au pays du Léon, il sera plus ou moins influencé par la nation britanique, souvenir des échanges maritimes du XVIIIe siècle, et plus tard, de l'occupation anglaise de la ville de Brest pendant un demi-siècle. En vogue entre le XVIIIe et XIXe siècle, elle était constituée de deux lignes de danseurs, celle des femmes allant à la rencontre des hommes, pour évoluer en cortège.
Résistance :
Le XIXe siècle voit s'ouvrir les premières stations balnéaires, entraînant dans leur sillage les premiers chemins de fer breton, un traffic routier tout neuf, et l'essor de la navigation fluviale sur le Canal de Nantes à Brest. La vie citadine se développe, et la révolution industrielle amène de nouveaux moyens de communication. Le monde est au progrès, une dynamique est créée vers une société plus moderne. Les premiers touristes ressentent le besoin d'un bon bol d'air frais, il vont le trouver en Bretagne. Cependant, cette évolution ne profite toujours pas aux populations rurale, dont le seuil de pauvreté reste inchangé. Alors le dimanche, que reste t'il sinon la musique et la danse qui permettent de se regrouper, de ressentir de la joie dans les moments pénibles de l'existance, et aussi de faire face aux hivers rigoureux, à une époque où le chauffage central n'était encore qu'une utopie!
En Basse Bretagne, on doit là encore s'adapter et privilégier la musique au chant. Depuis 50 ans, la langue bretonne est interdite par le nationaliste français. Si pour ceux qui peuvent se le permettre, la tentation est forte de s'exiler vers la capitale, la musique, tel un phare qui ramène ses bateaux au port, va une fois de plus jouer un rôle central et maintenir les villageois sur le sol ancestral. Le pouvoir inné de l'enracinement d'une culture ne s'explique pas, il se vit au jour le jour, tel un chêne qui serait voué à l'éternité, et dont la sève transcende les générations. Si le sentiment d'appartenance s'en trouve affaibli, il n'est pas non plus à l'agonie.
La haute Bretagne ne fait pas exception au mode de vie rurale où l'entraide est un devoir autant qu'une tradition. Après la messe dominicale, perché sur un muret pour être vu et entendu de l'assemblée, Monsieur le curé appelait les fidèle à l'entraide mutuelle. Alors d'une ferme à l'autre, les bras et les reins meurtris par le dur labeur champêtre et généralement bénévole étaient récompensés par le plaisir d'avoir fait ensemble les semences et la récolte du sarasin, du lin, du chanvre, des fruits et des légumes qui font de bonnes soupes bien chaudes pendant l'hiver, des conserves en été, et de délicieuses crêpes et galettes toute l'année. Quand vient le temps de moissons de blé, d'orge, où de maïs, alors la danse, c'était aussi ensemble. Après l'effort, le réconfort.... avant de préparer une fois de plus la terre pour les cultures à venir.
Témoignages : (par Pierre-Jakez Hélias)
" Une fois la terre préparée, pâte molle déjà liée, il faut à présent l'aplanir et la tasser sous les talons des sabots au rythme des gavottes, jibidis et de jabadaos. La fête est le prélude (ou la réussite) du travail, et déjà les sonneurs se déchaînent. On tire l'eau du puits pour hudifier la terre si besoin. Il ne reste plus qu'à piétiner la terre d'un côté, puis de l'autre jusqu'à ce qu'elle soit parfaitement pétrie (comme du pain). Ainsi va la gavotte! Les amis reviendront avec leurs beaux habits du dimanche crottés mais qu'importe, ils en ont vu d'autres ! Chacun s'est senti utile, apportant sa goutte d'eau à la vie de la communauté. Celà en valait la peine! " Biensur, on ne manquera pas ultérieurement d'inviter au "festin" et à la fête les amis qui auront apporté leur concours. En Bretagne, les occasions ne manquent pas pour se faire de nouveaux amis.
"Pendant la saison hivernale, on se retrouverait pour une douce veillée de légendes et de chansons au coin d'un bon feu de cheminée, dans l'attente impatiente de la prochaine récolte et de son merveilleux esprit d'équipe. Pendant la saison hivernale, la veillée était aussi l'occasion de tisser le lin après la récolte de ce dernier ou de confectionner des paniers entre deux gavottes et un laridée. Le kan ha diskan était de rigueur, surtout lorsque les musiciens étaient absent. Contrairement aux sonneurs, les chanteurs, n'étaient pas souvent rémunérés mais le plaisir de chanter et de faire danser ne vaut-il pas tout l'or du monde, où presque... On faisait aussi des jeux musicaux qui consistaient à changer le rythme ou la mélodie, et aux danseurs de s'adapter... quelquefois devant un jury. Bref, tout était de mise pour laisser derrière soi les courbatures d'une dure journée de labeur."
" Le corps évacuait la fatigue, non pas par le repos, mais par le biais d'une autre mise en mouvement parfois aussi éprouvante physiquement que le travail qui avait duré des premières lueurs de l'aube à la nuit tombée. Tous ceux qui avaient peiné se retrouvaient dans cet exutoire de la danse le profond sentiment de solidarité qui soudait alors le groupe lui assuraient une cohésion gestuelle profondément établie». Ainsi la danse avait le pouvoir de rallier la communauté bretonne, de l'accompagner dans la joie comme dans la douleur, dans le travail, la fête ou le recueillement.
Mariage :
Aucune fête ne saurait être complète sans son répertoire de chants et de danse, et un mariage serait bien triste si on invitait pas les amis et les voisins aux festivités qui pouvaient durer deux à trois jours comme c'était le cas dans le village finistérien de Scrignac où vivait cet arrière grand-père que j'aurais tant aimé connaître.
"Après la Gavotte d'honneur réservée aux mariés et à leur proches, les biniou entamaient la danse du bouquet sur la place de l'église pour, ensuite, faire l'esprit en paix, la « ronde des cafés du village »... en oublier un aurait été un affront ! Partout, la tournée était offerte aux mariés, à leur proches et aux garçons d’honneur, qui, une fois le gosier repu, s'en retournait vers la ferme pour continuer à festoyer". Biensûr, tout le monde mettait la " main à la pâte" pour préparer le festin.
"En pays Vannetais, il était d'usage de danser autour de l'arbre de noce, décoré de pommes, de gâteaux, de bouteilles et de tabac. La danse du « son ar rost » annonçait l'arrivée imminente du roti. A la nuit tombée, les mariés font semblant de s'éclipser, les invités tentent alors de les retenir avec une soupe au lait. Lorsque les jeunes mariés « prenaient leurs quartiers » dans leur nouvelle maison, il arrivait que l'on danse directement dans la chambre, devant le lit clos dans lequel le couple était enfermé. Le troisième jour était coutume d'accueillir les mendiants qui profitaient à la fois des restes du repas et de la danse.
Religion et croyances :
Les fêtes religieuses ont fourni aux musiciens bien des occasions de faire découvrir leurs talents aux maitres de maisons qui ne manqueraient pas, le moment venu, de s'en souvenir. Périodiquement, les feux de la Jean et bien d'autres saints encore ont fait dansé nombre de familles, tout sourire devant le diable qui se consume lentement dans les flammes. Une ancienne croyance affirme que danser autour d'un feu évoque aussi le souvenir des personnes disparues. Ainsi, à Carnac, il arrivait que l'on danse autour d'un menhir.
Au fil du temps, un peu partout en Bretagne, les musiciens vont se regrouper en Bagadoù (orchestre breton) pour jouer ensemble. Les occasions sont nombreuses pour soutenir la population et faire oublier la rigueur du climat. A Douarnenez (29 sud) dans les conserveries, dans les champs ou les fermes des environs, les pauses tellement méritées sont souvent agrémentées de musique et de danse, pour souffler et mieux repartir dans l'effort, pour se redonner entrain, force, et courage. Mais pas que ! Si la musique a le don suprème de maintenir le lien au sein de la famille avec son environnement, elle a aussi la vertu de maintenir la foi! en incitant chacun et chacune à participer aux évènements religieux lors des pardons ou même après la messe, qui plus est, si le maire, l'instituteur, ou encore le curé a une communication à transmettre sur la place du village... et peut-être aussi éviter que les messieurs ne se donnent trop vite rendez-vous au bistro le plus proche! ... pour celà, il y aura bien d'autres opportunités... les fêtes locales, les anniversaires ou les mariages, mais depuis quand un breton a besoin d'une bonne excuse pour se retrouver au bar avec ses amis? ceci dit en passant... haha!
Le XXe siècle:
C'est surtout dans l'entre-deux guerres que la musique et la danse prennent le statut de lien social. Les pertes en vie humaines étant nombreuses, la danse bretonne, qui ne nécéssite pas obligatoirement la présence d'un couple, entretient l'amitié féminine et réjouit aussi les plus jeunes. On danse pour le plaisir d'être ensemble avant tout! On se soutient, tout comme dans un rond de st Vincent ou dans un larridé, oubliant pour quelques heures la fatigue et la tristesse, la famine et la guerre, avec toutefois une pensée pour tout ceux qui, par nécéssité, sont partis en mer sur le chalutier du grand-père et ne sont jamais revenus.
Cette période a donc favorisé le retour à la vie de groupe (qui perdure en Bretagne jusqu'à aujourd'hui), avec l'enthousiasme de la bretonnité retrouvée. Il y a aussi une volonté de retour aux sources, de sauvegarder les danses traditionnelles et les souvenirs qui lui sont associés, pour attiser le feu de notre richesse culturelle. On cherche aussi à améliorer certaines chorégraphies, du moment que celles ci sont considérées comme ancestrales, et devant la recrudescence de nouveaux cercles de danse, bagadoù, stages, et festoù-noz qui ne manquent pas de se former. Les répertoires de danses se modernisent, mais deviennent aussi, le temps effaçant peu à peu les mémoires, moins précis; certains mouvements étant quelques peu déformés (ou adaptés au temps?). Une certaine liberté s'installe, allant jusqu'à créer de nouvelles danses, surtout adoptées par des familles plus jeunes et de retour au pays. De plus, l'interdition de la langue Bretonne pendant un demi-siècle a occasionné une ouverture sur l'exterieur au sein de la population, et des influences multiples se mélent au mode de vie breton.
1950 arrive avec la médiatisation : peu à peu, la radio, la télévision, les livres ou encore la discographie fournissent de nouveaux loisirs qui prennent le pas sur la vie de famille. Les leçons de danses ne sont plus transmises de père/mère en fils/fille, mais au sein des associations. La vie communautaire est toujours là, mais de loin. On entre alors dans la période "nostalgie" : les clubs de danse, les bagads se donnent pour mission de créer un nouvel élan dans la culture traditionnelle, et véhiculer l'origine d'une appartenance communautaire. Les bagadou "emprunte" des idées à nos voisins celtiques et d'ailleurs: cornemuse, percussions. Alan Stivell et sa harpe est un incontournable des premiers festou-noz et festivals de musique bretonne. Suivront beaucoup d'autres musiciens, quelquefois plus irlandais que bretons mais du moment que la relève de l'âme Celtique est assurée !!!
Fédérations et confédérations :
La deuxième moitié du XXe siècle voit plus grand pour ne pas perdre le caractère authentique dans cette nouvelle vague de créativité. Les associations vont se regrouper en fédérations. EX: Sonnerion : fédération des sonneurs qui se donne pour mission de regrouper les bagadoù (goupes de sonneurs ou individuels) de Bretagne et d'ailleurs.
A leur tour, les fédérations s'associent au sein du département pour devenir des confédérations :
Kendalc'h qui signifie maintenir, réunit en 1950 plusieurs cercles celtiques dans cette première confédération. Elle a pour objectif d'anime et coordonner les activités des nombreuses associations ayant en commun les arts traditionnels populaires de Bretagne.
L'objectif : élever des héritiers et des bâtisseurs ou mieux des " veilleurs et passeurs du temps" .
* transmettre l'essentiel du patrimoine culturel
* créer et mettre à disposition des groupes, des espaces et des outils de formation et de développement comme : la maison d'édition Cool-Breizh
* elle donne aussi des formations musicale et des stages de danse.
* elle diffuse l'information à travers les revues " Breizh keleier " , " Mariages en Bretagne" ou des livres de contes.
* elle dispose d'une vidéothèque : collections de vidéos de danseurs de toute la Bretagne
* Périodiquement, des journées de sensibilisation à la danse ont lieu, comme " les arts de la rue, et autres défilés à des dâtes fatidiques.
* Elle organise des concours de costumes, un championnat nationnal de danse bretonne, et aussi un festival annuel de chant choral en Breton " le Breizh a gan"
Depuis l'an 2000 : un portail informatique culturel " Héritaj" fait office d'encyclopédie en ligne à propos de la danse, de la musique et des costumes; + Une nouvelle revue : Stupig"
Kendalc'h a fêté son 70eme anniversaire en 2020.
War'L'leur : (sur le sol en breton)
En 1967, un désaccord entre plusieurs bagadoù débouche sur la naissance d' une nouvelle confédération, et un but commun : préserver et diffuser les arts et traditions populaires de Bretagne. A l'instar de Kendalc'h, elle est dotée d'un centre de recherche et d'étude et propose des stages de danse et des formations musicales, organise des conférences et des expositions. A certaines périodes, une journée est consacrée à l'étude du chant et de la danse. Elle fait des propositions de chorégraphies en public et organise des championnats : ex "dans tra" à Gourin (22) en 2013, ou le " champoionnat des sonneurs". Environ 25 concours se tiennent chaque année dans toute la Bretagne, dont la finale a lieu le 1er samedi de septembre. War'L'leur excerce un droit de contrôle et soutient les groupes adhérents : tout musicien et danseur doit obligatoirement porter le costume.
La broderie et les costumes sont également mis en valeur. A cet effet, un conservatoire du vêtement traditionnel breton a été créé grâce au collectage. Un classement a d'ailleurs lieu une fois par an.
Des publications :
Une revue relate l'actualité de la confédération entres sujets culturels ciblés : " Kazel ha kazel" (coude à coude en breton). Un premier livret de broderie en breton a été réédité 10 fois déjà! D'autres cahiers à thèmes variés ont suivis : (ex la broderie bigoudène, le perlage etc). Des livres aussi, comme Temps-Dañs qui met en avant les magnifiques photographies de Serj. Phibuze. Enfin, un cahier de coloriage pour les enfants sous le nom de " Colore à ta giz " (giz = mode en breton) ...de bien jolis jeux de mots, n'est-ce pas?
Entre autres spectacles célèbres (dans toute la France) mais sous l'égide de War'L'leur, citons :
* Le festival de Confolens en 1989
* Kalon an dañs (qui signifie en breton "mettre tout son coeur et son courage dans la danse") en 1997
* Dañs ar Vuhez (danse de la vie en breton) en 2002
* Ding-Dingue-Dañs en 2007
* R-Evolution en 2014
* Le show " Trans-Breizh Expess réunit plus de 500 danseurs
War'L'leur a fété ses 50 ans en 2017.
Kenleur :
Vous connaissez la chanson... " quand une confédération rencontre une autre confédération, qu'est ce qu'ils se raccontent... des histoires de confédérations! oui mais voilà, quand on a les mêmes objectifs, la concurence peut parfois s'interposer. Alors la solution, c'est la fusion. En 2020, et Kendalc'h et War'L'leur décide ensemble de mettre un terme à leur divergeances, s'il en est, et de travailler ensemble leur objectif commun en partageant la scène de la culture bretonne sous l'appelation de Kenleur (Ken pour Kendalc'h, et leur, finale de War'L'leur) depuis le siège situé à Auray (56).
Mission à long terme pour Kenleur qui souhaite confier aux générations futures l'héritage des anciens, et plus généralement l'ensemble du patrimoine breton. Parallèlement, elle transmet l'espoir que toute la planète puisse vivre la culture Bretonne au quotidien. A cet effet, ses 20 000 membres protègent environ 200 associations pour garantir la valorisation et le développement de la culture sous toutes ses formes:
* la danse
* le travail régulier sur les costumes
* le chant bilingue breton/français
* la musique
* la langue bretonne
Aujourd'hui, partout en France et ailleurs, pour le plus grand plaisir de tous, des fêtes/festivals font danser des familles entières. Ex : Divroët en Ile de France.
Les cercles celtiques :
Toute personne qui met en valeur le patrimoine breton fait la fierté de son peuple. Dans la deuxième moitié du XXème siècle, musiciens et danseurs ne font souvent plus qu'un pour former une troupe joyeuse et pleine d'entrain, pour le plus grand plaisir des touristes et des bretons, souvent sur le retour au pays. Chaque fête est l'occasion non seulement de réunir les artistes, mais aussi de faire valoir le travail O combien patient des brodeurs et des tailleurs locaux. Et tout ce petit monde circule à travers la ville dans un joyeux défilé annuel : ex le pardon des fleurs d'ajoncs à Pont-Aven, ou le festival des filets bleus à Concarneau.
Les cercles celtiques ont aussi le pouvoir de rassembler sur la même scène l'ensemble des costumes régionaux faisant valser les dentelles, les tissus soyeux et les broderies dans une rivalité onirique de couleurs chatoyantes.
* 1902 : Déjà, les " fins danseurs de l'Aven" affirment leurs valeurs et défendent leurs racines. Dix ans plus tard, comme dans un mirroir, c'est au sein de la diaspora parisienne que la mission bretonne attaque "de front" le mal du pays en créant son premier cercle celtique en 1911... peut etre était ce une façon inconsciente de se donner du courage pour affronter les années de guerres et l'exode qui allait suivre. Cette même année en Bretagne, l’Unvaniez Arvor (l’« Union de l’Armor ») ouvre ses porte. Cette fédération ne gère plus seulement les bagadoù mais les cercles celtiques de la région.
* 1921, les bretons ayant survécu à cette guerre ont décidé que " l'union fait la force" ; ils créent la première assemblée bretonne.
* 1923 : A Quimper, pour la première fois, on fête la reine du bal, celle qui aura le mieux dansé et porte le plus joli costûme se voit couronnée et montrée à travers la ville dans un joli carosse.
* 1930 : On exige de la cohérence, de l'organisation, on réfléchit au mieux sur la manière de procéder au sein des différents groupes, et ensemble ! non pas seulement en Bretagne, mais dans tout l'exagone. C'est l'entre-deux guerre et bon nombres de famille qui pensent que... celle ci est terminée sont de retour au pays et comptent bien mettre "la main à la pâte". Le Korollerien Breizh-Izel, et la radio du même nom... ou presque se font l'echo de l'appel du peuple en mettant sur le podium l'ensemble des danseurs de Basse-Bretagne.
* 1940, déjà 15 groupes celtiques "sévissent" dans toute la région, n'hésitant pas à se déplacer quand l'occasion leur est fournie.
1960 : un show à succès : les " ballets populaires de Bretagne" fait fureur avec force mises en scènes et chorégraphies nouvelles. Aucun doutes, les influences extérieurs, qu'elles viennent d'Amérique, d'Irlande ou encore du sud de la France, s'accordent parfaitement au pas des ancêtres, comme pour restituer leur fraîcheur d'antan aux scènes de vie locales. Depuis, la fête des brodeuses accueille chaque année à Pont-labbé de nouveaux cercles celtiques qui se joignent aux anciens pour apporter leur pierre à l'édifice de la culture bretonne et préserver le patrimoine.
C'est ainsi que chaque fête, chaque évenement devient une tradition dont profite largement la ville réceptive, ses restaurants, son architecture, ses musées et oeuvres d'arts largement visités par les badauds de passage, sans oublier son histoire. Les cercles celtiques sont des pilliers dans cet univers culturel, dont l'accès est grandement facilité par le développement des moyens de transports et biensur, les médias, qui portent le message loin du berceau ancestral. Basse-Bretagne et Haute Bretagne oublient alors leur divergeances pour ne faire plus qu'un. Scottish, valse, plinn, bourrée, cochinchine, et autres circassiens se partagent le même fest-noz, sur des rythmes sans cesse renouvelés, comme pour faire face à la vie trépidente d'aujourd'hui. Alors dans un regain d'enthousiasme, tel un ballon d'energie qui s'envole doucement vers le futur, chacun est fier de montrer son talent et ses prouesses techniques. Si quelquefois, les chorégraphies perdent de leur élegance, de leur style, de sa finesse, le coeur breton est toujours bien présent, et veille au grain.
Rôle de la danse dans la société bretonne :
* Vecteur d'identité, elle entretient le patrimoine culturel breton malgré une tendance certaine à la modernité.
* Elle maintient la tradition du costume breton et mets en valeurs le savoir faire des anciens petits métiers (dentelières, tailleurs, couturières, etc.)
* Elle aspire à faire connaître les artistes et les œuvres traditionnelles tout en englobant les techniques modernes
* Loisir ou tradition, ou les deux à la fois, incontournable dans les fest-nozh ou fest deizh, elle traduit la bretonnité de chaque évènement de façon intergénérationnelle, permettant ainsi le rapprochement des générations.
* Elle réveille la temps du chant ancien, kan ha diskan, recueil de poèmes, contines et encourage donc le collectage
* Croyez le où non ? elle entretient avec délice notre bonne santé : mais oui! rappelez vous l'explication (au début de cet article) du pietinement, tassement de la terre, et bien ce mouvement est idéal au lâcher-prise, taper du pied sur le sol permet de se liberer des tensions. Au coude à coude, bras contre bras, ou petits doigts reliés, quelle douce sensation de sécurité, d'union, de famille agrandie. On ne fait qu'un, et on se sent bien! Oui, la Bretagne est ainsi, un peuple uni avant tout! La danse restaure sans condition le moral " des troupes" autant qu'elle nous donne du tonus.
* Elle opte aussi pour la paix! celle qui rallie sans discrimination les 5 départements bretons... même si chaque coin de Bretagne est garant de ses particularités... mais innutile d'y revenir ici... n'allons pas créer, au sein de cette belle harmonie, un incident diplômatique! hahaha!
* Elle assure le maintien de apprentissage d'instruments de musique traditionnels
* Elle ferait presque office d'"entremetteuse" ! Ben oui, combien de rencontres de couples, combien de liens d'amitié inter-villages, et combien de souvenirs fait elle remonter dans les mémoires!
* Et quelle fierté pour la communauté bretonne, de pouvoir ainsi mettre en valeur nos magnifiques costumes brodés, avec force dentelles réalisées à la main, valeurs qui évoquent chez la plupart des breton, un indéniable sentiment d'appartenance. Même si avec le temps, les modes vestimentaires évoluent, combien de marins au long courts ont elle jamais accueillis? Combien de pêcheurs de retour de leur campagne de pêche? Combien de famille y ont trouvé chaleur et réconfort dans les périodes guerrières?
* Combien d'auteurs? d'artistes? de faïenciers? ont fait l'appologie de la danse bretonne dans leurs ouvrages, peintures, sculptures, ou récits de voyages? Citons encore les innombrables cartes postales, photos, films, et vidéos en tous genre : témoignages indispensables du passé comme du présent... et espérons le! du futur!
A chaque fête bretonne, chaque tradition, ses danseurs et musiciens: En île et Villaine, lorsque la ramaougerie de Paumé devait tenir trois jours et trois nuit (encore maintenant!) pour produire sa gelée de pommes artisanale toujours accompagnée d'un délicieux cidre brut maison, la musique et la danse étaient là-encore, l'accomplicement d'un travail bien fait et récompensaient les efforts, à l'instar des conserveries de poissons finistèriennes dont les employés ne comptaient pas les heures.
Ce n'est que lorsque les danseurs sont en position, bien accordés, que les chanteurs, accompagnés ou non des musiciens, entament le répertoire; laissant ainsi le temps au cercle de se constituer. La chanson peut aussi bien évoquer des faits divers survenus dans la région, qu'un souvenir ancien que personne ne veut oublier, voir aussi la caricature d'un personnage ayant laissé son " empreinte" dans une Bretagne quelquefois moqueuse. Des scènes historiques, des épisodes de pêche qui ne se terminent pas toujours bien, ou encore des scènes de vie locale un peu cocasses, la vie bretonne est faite de tous ces petits riens qui font le buzz... pour finalement réunir les danseurs. L'harmonie s'installe, la musique et la danse ne font qu'un, chacun étant support de l'autre : le martellement de pieds pour les uns, le rythme musical pour les autres, telle une " co-habitation" mélodique.
Des instruments bien de chez nous... mais pas que:
* Le plus connu, le biniou : « petite cornemuse constituée d'un bourdon à anche battante et d'un chalumeau, ou levriad à anche double. L'air est insufflé à l'aide d'un porte -vent appelé sutell dans une poche – (réserve d'air) et expirée par la pression du bras du biniaouer.
* Attention les oreilles! la Bombarde : sorte de hautbois à anche double, nécessitant un souffle puissant et une forte musculature des lèvres pour moduler la pince de l'anche.
* le tambour, ca tout le monde connait. Le tambour breton est toutefois assez imposant!
Le biniou, la bombarde, et le tambour ont été les principaux instruments des bagadoù jusqu'en 1850
* La veuze : sorte de cornemuse des pays Nantais et Guérandais jusqu'à la fin XVIIIe avant déclin
* Le violon : très utilisé en Haute-Bretagne jusqu'au début XIXe
* La vielle à roue: jusqu'au début 20e en pays poudouvre (st Malo) et Penthièvre (St Brieuc) accompagnait souvent le violon, voir la bombarde et plus récemment la clarinette. On peut encore la voir dans certains festival, comme le festival médiéval de Saint-Renan
* La harpe celtique : Commune à tous les pays celtiques, elle gagne en popularité vers 1950 et après. Plus petite et donc plus maniable que la harpe de concert, elle a accompagné bien des musiciens ambulants.
* La clarinette (trujenn gaol ou tronc de chou) début Xxe, surtout en Centre-Bretagne
* Le bon vieil accordéon est toujours en service! : les premiers datent de 1850 et trouvent leur essort vers 1880. Il détronne d'ailleurs de plus en plus les instruments traditionnels dans certaines parties de la Bretagne rurale.
* L'accordéon diatonique
* La flûte traversière en bois : très prisée dans la musique irlandaise, il semble que nous en ayons hérité dans les fest-noz. Elle possède peu de clés, ce qui la rend plus authentique et adaptée à la musique traditionnelle.
et quelques exilés comme l'armonica, la flûte irlandaise ou le tambourin, histoire de faire un peu plus exotique.
Termes les plus courants :
* la ronde : l'idée étant renforcer la cohésion de la communauté paysanne et urbaine.
* la chaîne ouverte : c'est une fierté pour le meneur d'entraîner les autres danseurs dans des rythmes différents, des gestuelles originales comme les serpentines ou escargots. Ce qui peut se révéler assez sportif pour le dernier de la file !
* le cortèges: dés le début du XXe : danser en couples, en quadrettes , ce qui permet aussi des changements de places, de directions, pour mieux occuper l'espace. Ex : la Champeloise ou le circassien utilisent à la fois des techniques modernes mais gardent aussi les anciennes. Les danses de couples d'antan étaient sujettes à des concours d'élégances et de technique. Une jolie façon à chacun de montrer son talent.
* la suite : chorégraphie en 3 parties (quelquefois 4) sur des rythmes alternés dont le second (le bal) permet au danseur de ralentir pour se reposer, sans toutefois s'arreter de danser, puis de repartir de façon plus énergique : ex la gavotte
* les appuis : lorsque la pointe du pied marque le rythme, en pointant soit devant, à gauche, à droite ou en arrière
* la contredanse : (pas le PV hahaha! ) à la fin du17e siècle jusqu'à nos jours, influencée par la country anglaise. Souvent des danses en couple, ou quadrettes (ou quadrilles) : ex la pastourelle », le « quadrille des lanciers » qui influenceront plus tard les quadrilles irlandaises et américaines, la polka, la mazurka , la scottish, la valse
* les danses de couples :dés le XIXe siècle : la polka, la mazurka, la alses, la scottish, le bal de Jugon
* les quadrettes : danses à 4, voir 8 danseurs (2x4) effectuant des figures : ex : l'avant-deux de travers, le jabadao, le jibidis (danse ancienne ) , la chaîne des dames, la poule
* la forme : en onde fermée ou ouverte, en chaîne longue ou courte, danse mixte ou hommes et femmes séparés, alternés ou face à face, danse de couple, quadrette etc.
* les pas : peuvent êtres subdivisés (ex 1,2,3 et 4...), serrés ou ouverts, redoublés, certains peuvent être supprimés ou décalés par rapport à la musique, d'autres peuvet être croisés, lancés, pouvant atteindre des hauteurs impressionnantes! on parle aussi du pas vibré qui donne à la danse une impression de tremblement, ou encore le pas claudiquant : le pivot (le couple tourne sur lui même en suivant un axe, pieds serrés des deux danseurs
* les sautsl : lorsque le danseur s'lève dans l'espace, à la verticale. Un saut peut etre de quelques centimètres (simple rebondissement) ou atteindre un mètre de haut, en faisant claquer le talon La tête en bas, celà s'est déjà vu aussi... très artistique! à ne pas tenter sans une bonne expérience!
* le style : revet des formes très diverses : pas posé, glissé, martelé, fléchi avec ou sans temps de suspension etc.
* le Paz à drenv : boucle du pied droit à l'arrière,
* la broderie : souvent dans une danse de couple : tour, demi-tour, ou passage derrière la femme avec changement de main. Traditionnellement, ce mouvement avait pour effet de montrer la broderie et la dentelle des robes. Les cavaliers s'éfforçaient donc de séduire le spectateur en montrant leur agilité, mais aussi de gagner l'admiration de leur cavalière. (surtout pour la gavotte d'hônneur lors du banquet des mariages)
* Le rythme : alors là, tous les goûts sont dans la nature : il était d'ailleurs souvent d'usage d'accélérer le rythme pour tester le potentiel des danseurs, surtout en cas de concours. L'habitude fut gardée, qu'il y ait concours où pas... Certaines danses comme la gavotte se composent de plusieurs parties sur des rythmes différents d'où le nom de suite de gavottes
* le bal : deuxième partie de la suite de gavotte
* la cohésion : maintenue par les bras soudés, les petits doigts reliés, le regard et le sourire complice à la personne que l'on croise en dansant
* les avant-deux : issu de la contredanse, l'avant-deux se danse en quadrette, deux couples se faisant face, mais seulement un couple danse pendant que l'autre attend, ce de façon alternée. Ex : avant deux de travers, kérouézée, paligourdine, calibourdaine, youchka, polka bébé
* les jeux de danses : Alors là, l'orchestre s'en donnait à coeur joie pour le plus grand plaisir de tous, n'hésitant pas à changer le rythme pour provoquer l'erreur du danseur. Ex: la ronde à baisers (surtout pour les jeunes mariés) , les tourbillons, les rondes avec « accroupis » « retournés» « échangés» , ou encore la danse de l'étourdi!
Quelques danses de Basse-Bretagne :
* la gavotte , l'en-dro : né en pays vannetaisle Kas a-barh, l'hanter dro, le gymnaska la "gymnastique des chats" . (plus tard : dañs skubell ), la ridée début 21ème siècle, le bal du Rhuys à 4 ou 6 danseurs
Dans le Finistère :
* les ronds : de St Vincent, de Pagan, de Loudeac
* le Plinn, tro-plinn
* le Jabadao : d'où l'expression : " il y a du Jabadao dans l'air" (du bruit, du ram-dam, faire la foire...)
* la danse des baguettes (en hommage aux cuisinières après un bon repas). Un mouchoir ou un torchon peuvent servir accessoire
* la danse du loup : liée à une croyance ancienne dans laquelle le fait de la danser avait le don d'éloigner les loups de la Bretagne, car à l'époque, il y en avait en Montagne-noire et dans les Monts d'Arrée. Pratiquée parfois sur une large pierre plate avec l'idée d'éloigner l'animal, la danse consiste en un enchaînement d'appuis très secs créant un effet sonore analogue à un roulement de tambour. Depuis, elle a perduré comme performance technique et exercice d'agilité. (aussi appelée danse de l'ours... Allez savoir pourquoi!!! )
En Côte d'armor :
* Dañs Treger:en 3 parties, en couple avec un bal et un passepied, la dérobée de Guingamps,
Citation :
« Devant la métairie, une danse furieuse, grand cercle mouvant, criant, tourne comme un amas de feuilles d'automne emporté par un tourbillon » (noce bretonne, Leon louis Buron)
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